Verdissement des infrastructures de transport ?
La mode est au « verdissement » des projets d’infrastructures de transport.
Est-ce pour contrer la fâcheuse impression que nombre de projets n’auraient d’autre finalité que la croissance de l’industrie du BTP et de leur cote boursière ?
Les résultats sont étonnants.
Projet d’autoroute A65 Langon/Pau
Valérie David, la directrice du développement durable d’Eiffage soutient que " la seule chance de survie du vison d’Europe est peut-être l’autoroute A65 Langon/Pau".[1]
Le Conseil Régional d’Aquitaine admet enfin l’impact négatif de la construction de cette autoroute (émission de 1 million de teCO2[2]), et assure vouloir le compenser, à hauteur de 14 euros la tonne de CO2.[3]
Quant à la compensation de l’impact du trafic routier induit (croissance de 300% prévue d’ici 2050), elle n’est pas encore à l’ordre du jour. [4]
Projet de Ligne à Grande Vitesse (LGV) Rhin-Rhône
RFF assure que le projet de LGV Rhin-Rhône sera « rentable en carbone », dès la douzième année d’exploitation, après sa mise en service prévue fin 2011.[5]
La construction de ces 140 km de ligne nouvelle, contribuera à l’émission d’environ 1,188 million teCO2 (soit 8500 teCO2 par km de LGV), et le report modal favorisé par le projet, devrait permettre d’éviter 0,129 million teCO2 par an.
Au total, les 2,3 milliards d’euros investis, éviteraient l’émission de 2,7 millions teCO2, sur une durée de 30 ans, ce qui valorise la tonne de CO2 évitée à 852 euros !
Projet de LGV Bordeaux/Espagne
L’intense campagne de communication de RFF en faveur de ses projets de LGV dans le Sud-Ouest[6] , ne parvient pas à convaincre les associations, élus et usagers, du bien-fondé des solutions choisies.[7]
Comment l’option retenue actuellement par RFF– 250 km de lignes nouvelles, éventrant l’Est du massif forestier landais, plus longue de 50 km et d’un coût de 4 milliards d’euros –pourrait-elle présenter un meilleur bilan environnemental et financier, que l’option de l’amélioration des lignes ferroviaires existantes ?
Comment ces projets de LGV pourraient-ils compenser l’impact carbone des projets autoroutiers concurrents (A65 Langon-Pau, mise à 2 fois 3 voies de l’A63 entre Bordeaux et l’Espagne), et qui seront mis en service plus de 10 ans avant ?
Le « verdissement » actuel des projets d’infrastructures de transport est-il vraiment crédible ?
D. DELESTRE
[1] L’autoroute Pau-Langon sera livrée en 2011. JJ Nicomette. Sud-Ouest 30/09/09
http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/722309/mil.html
[2] teCO2 : tonne équivalent CO2
[3] [3] Le président de la région, Alain Rousset, crée un « fonds carbone » pour compenser la construction de l’A65, Bordeaux-Pau. 10/09/09
http://aquitaine.fr/salle-de-presse/communiques-de-presse/le-president-de-la-region-alain-rousset-cree-un-fonds-carbone.html
[4] Dérèglement climatique : La région Aquitaine touche le « Fonds » ! Communiqué de presse du 14/09/09.
http://www.agirpourlenvironnement.org/presse/26climat41.htm
[5] 1er Bilan Carbone ferroviaire global. ADEME, SNCF, RFF. Septembre 2009
http://www.rff.fr/IMG/Bilan-Carbone-LGV-RR.pdf
[6] http://www.gpso.fr/
[7] http://www.voiesnouvellestgv.webou.net/accueil.htm ; http://www.lgv-orthez-oui.com/ ; http://lea.asso.free.fr/
; http://www.sepanso.org/dossiers/ligne_bx-espagne/ligne_bx-esp.php