5 décembre 2018 Longtemps j’ai cru que l’on pourrait changer le capitalisme, par Hélène Grosbois
Il se trouve que j’ai eu la chance de travailler dans une grande banque, ce qui m’a permis de comprendre les tenants et les aboutissants des mécanismes du capitalisme et de la création de valeur : le cœur du fonctionnement réel de notre système contemporain.
J’ai toujours été attirée par ce qui est transversal, raison primaire qui m’a conduite vers la finance, et j’ai, dans le même temps, toujours été sensible à l’environnement.
Après avoir beaucoup appris dans la finance, et adoré y travailler, j’avais réellement envie de faire quelque chose pour cette planète, car je voyais bien que le problème devenait urgent et que des « ovnis », comme moi du « privé », et a fortiori de la finance, ne devaient pas être nombreux à travailler dans l’environnement et auraient donc sans doute quelque chose d’intéressant à apporter.
Cela faisait des années que je me disais qu’il fallait changer de vision de la performance : tant pour les indicateurs nationaux comme le PIB, que pour les entreprises : taxer le capital naturel et non pas le capital humain, intégrer la notion d’émissions de CO2 dans le calcul de l’impôt sur les sociétés, corréler les exigences de fonds propres des banques à leur intensité carbone, créer des impôts intégrant la notion d’utilité marginale, rendre les tarifs de l’énergie progressifs, eux aussi en rapport avec l’utilité marginale, etc.
Je suis donc passée par : une start-up de finance « verte », la COP23, le WWF et une ONG à Bruxelles pour faire de la finance « verte » au niveau européen. Dans le même temps, la situation des ressources, climatique, environnementale et, donc, politique, migratoire et économique se dégradait en Europe. J’allais de déceptions en déceptions et surtout, plus j’avançais plus j’avais l’impression de faire du greenwashing et que l’on considérait sans arrêt des conséquences comme des causes. L’horreur ! Exactement l’inverse de ma démarche de base.