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Nicolas Sersiron : « Debt for climate » est-il un conte de fées ?

Publications & Brèves. Ex-Président du CADTM, ex-président d’Échange non marchand

La rédaction de Yonne Lautre a choisi de publier cet article tant l’auteur a participé, depuis de nombreuses années, à nous éclairer sur la question de la dette, de son lien avec l’extractivisme climaticide.
Pourtant dans la deuxième partie de cet article, l’auteur remet en cause la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, ce qui nous semble des plus hasardeux et bien contradictoire avec le reste de la démonstration.

« Debt for climate » (la dette pour le climat) se présente comme « une initiative populaire, portée par le Sud Global, qui relie les luttes pour la justice sociale et climatique ». Elle se propose de « renverser le piège du surendettement en annulant la dette des nations appauvries comme moyen de payer pour laisser les combustibles fossiles dans le sol et financer une transition juste. » Le but de cette association allemande est donc de proposer un troc d’un nouveau genre. Annuler les dettes publiques des pays du Sud pour qu’en échange ces derniers laissent leurs énergies dans le sol. Ainsi, selon cette association, les peuples du Sud pourraient retrouver une « justice sociale et climatique  ». Comment ? Par un système aussi complexe qu’un coup de billard à quatre bandes. Un, la dette des pays appauvris serait annulée, deux, ils n’exploiteraient pas leurs énergies, trois, ils retrouveraient une vie digne. Et quatre, le réchauffement climatique serait atténué. Cet enchaînement est-il réalisable ?

« … renverser le piège du surendettement en annulant la dette. »

« Debt for climate » suppose que les gouvernements du Sud auraient un réel pouvoir sur les multinationales qui pillent les ressources naturelles de leur pays. Quant aux préteurs/créanciers, accepteraient-ils d’annuler leurs prêts, au nom de la sauvegarde du climat ? Quelle générosité soudaine ! Le colonialisme actuel n’utilise-t-il pas l’arme de la dette, associée à la corruption des élites dirigeantes, pour piller les richesses naturelles de ces pays ? La symbiose entre le pouvoir politique et les intérêts privés, ne releve-t-il pas d’un système fasciste ? Celui dans lequel le peuple doit se soumettre. Ces multinationales extractivistes, qui pompent le pétrole partout dans le monde, sont des puissances économiques majeures. Leur chiffre d’affaires est 10 fois plus grand que le PIB de la majorité des pays du Sud exploités. En 2022, pour le pétrolier Total c’était 281 Milliards $, le PIB du Gabon 20 Mds $, celui de l’Ouganda 27 Mds $. Le déséquilibre des forces est considérable, il donne un pouvoir démesuré à ces entités économiques et à leurs vassaux.

Des géants de la finance comme Blackrock, (fonds gérés = 10 000 Mds $) ou les pays industrialisés - la Chine détient 40 % de la dette africaine - abandonneraient par altruisme des bénéfices colossaux, et en plus leur pouvoir politique sur les décideurs des pays pillés. On peut en douter.

Par ailleurs le FMI et la Banque mondiale, au service de la grande finance mondiale, par le chantage de la dette et des prêts qu’ils octroient, sont les véritables gestionnaires de ces nations. Ils imposent les principes dits de la « bonne gouvernance » - extraire plus pour payer les dettes - à ces États jugés trop infantiles pour être capables de gérer « proprement » leur pays. Macron, en mars 2023, s’adressant au président congolais Félix Tshisekedi : « Depuis 1994, vous n’avez pas été capables de restaurer la souveraineté, ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative, de votre pays. » Le président de la RDC lui répond « Regardez-nous autrement, sans regard paternaliste ! »

L’exemple du projet d’extraction de 6,5 milliards de barils de pétrole en Ouganda entre Total et le gouvernement Museveni montre cette collusion privée-publique. [1] La magnifique nature sauvage de cette région sera sacrifiée pour les actionnaires de Total, l’enrichissement des pays industrialisés et des bourgeoisies ougandaises au pouvoir. Les paysans expropriés pourront pleurer, la population recevra certainement quelques miettes. Cela lui permettra-t-elle de retrouver une vie digne ? Si Patrick Pouyanné, directeur de Total, renonçait à ces milliards de barils de pétrole pour éviter le « réchauffement anthropique » ne serait-il pas aussitôt désavoué par ses actionnaires ? Museveni, lui qui s’enrichira énormément avec ce projet, y renoncerait en échange de l’annulation de sa dette publique !

Au Gabon, fournisseur pétrolier ancestral de la France, là où la « Françafrique » bat son plein, le défenseur de l’environnement franco-gabonais Bernard Christian Rekoula [2], dénonce la mascarade du « One forest summit ». Coprésidé par Ali Bongo et Emmanuel Macron, il a eu lieu en 2023 dans ce pays, pour soit disant protéger la forêt équatoriale, cet immense « puits de carbone. » Les grands massifs forestiers captent de très grandes quantités de CO2. Pourtant jamais autant de bois n’est sorti de ce pays. Le 2ème groupe pétrolier français, Perenco, extrait et pollue la forêt avec l’aval du gouvernement. Une partie des bénéfices tombent dans la poche du clan Bongo, dirigeant le pays depuis 56 ans. Accusant la dictature d’être responsable de cette gabegie, ce militant, pour éviter d’être assassiné, a été contraint de se réfugier en France.

Thomas Sankara, président du Burkina Faso pendant 4 années, avait engagé son pays dans la transformation de ses ressources naturelles localement. Il avait ainsi entamé le chemin vers l’autonomie économique et une vie digne pour les burkinabés. Pour cela il refusait de rembourser la dette publique pour cause d’illégitimité. En 1987, il fit un discours enflammé devant l’OUA, [3] dans lequel il donnait les raisons de son refus : s’il payait son pays mourrait mais s’il ne payait pas les préteurs, eux ne mourraient pas. Il fût assassiné 3 mois après. Fin de l’autonomie !

Le projet de « Debt for climate » fait écho aux fameux C2D (contrats de désendettement et de développement), patronnés par l’AFD, l’Agence française de développement. Ton pays rembourse aux différents prêteurs/créanciers ta dette illégitime - celle qui n’a pas de légitimé à être remboursée - en échange l’AFD te fait un don équivalent que tu devras obligatoirement flécher vers les « bonnes œuvres », celles que nous choisirons pour ton pays. Néocolonialisme paternaliste ou acte de générosité comme le prétendent les décideurs ?

Pouvons-nous espérer qu’un jour prochain cette civilisation de la destruction, des inégalités croissantes et de la tyrannie s’écroulera comme la Rome antique dirigée par des empereurs psychopathes tel Caligula ? Le niveau de conscience de la jeunesse africaine est de plus en plus élevé. L’État français et ses manœuvres de soutien aux dictatures sont mises en échec au Mali, au Burkina Faso, au Niger et ailleurs en Afrique. La très grande majorité des dettes de ces pays sont illégitimes voire odieuses. Pour cette seule raison elles doivent être annulées. Tout échange serait un marché de dupe.

« … payer pour laisser les combustibles fossiles dans le sol et financer une transition juste. »

En clair, l’annulation des dettes illégitimes des pays dits en développement - que nous désirons tous - permettrait à ces peuples d’allers vers une vie plus écologique et plus digne selon Debt for climate. Pourtant les peuples du sud vivaient en symbiose avec la nature, avaient une vie écologique, organisée, digne et spirituelle avant que les occidentaux ne les envahissent, violent leurs cultures ancestrales puis volent leurs ressources naturelles. Comment retrouver cet équilibre dans le monde d’aujourd’hui sans renverser cet imaginaire de consommation et technologie créer par les médias au service de la grande finance ?

La transition juste pour ces pays pillés peut-elle se faire par la seule annulation de la dette publique, mais en abandonnant cette énergie super concentrée, celle là même qui a permis aux pays occidentaux de devenir si riches et de dominer le monde ? Cela, sous prétexte d’éviter une très petite part de la pollution par les GES de la planète. En effet, plutôt que d’être contraints de les exporter, ils pourraient les extraire eux-mêmes, les transformer localement, et créer progressivement une industrie nationale qui améliorerait profondément leur économie. Cela permettrait à la population d’aller vers plus de justice sociale et d’égalité. Et pourquoi les grands pays ultra riches ne diminueraient pas volontairement leur production et leur consommation de pétrole ? Cela pour laisser aux pays en mal de développement, la possibilité d’extraire et de transformer leurs ressources naturelles sur leur sol. Utopie, peut-être ! Nécessité sûrement.

L’exemple du projet Yasuni engagé par Correa, président de l’Équateur, est éclairant. « Le rêve écologiste ITT Yasuni n’aura vécu que six ans (2007-2013). Il s’agissait de proposer aux pays riches de participer à la préservation de l’extraordinaire réserve de biodiversité située à l’Est de l’Équateur en finançant ce que le président Correa appelait des « droits de non émission de gaz à effet de serre ». [4] La communauté internationale devait verser plusieurs milliards de dollars, en échange de la non extraction du pétrole dans ce parc amazonien à la biodiversité exceptionnelle. Après quelques années, n’ayant reçu que quelques miettes, il abandonna le projet, le parc fut ouvert malgré la résistance acharnée des yasunidos, des amérindiens de cette forêt. Cela alors qu’en 2008 une majeure partie de la dette publique équatorienne avait été répudiée par Correa à la suite d’un audit qu’il avait commandé à des experts, locaux et étrangers, prouvant toute l’illégitimité de cette dette. [5]

Debt for climate « relie les luttes pour la justice sociale et climatique ».

Selon l’organisme intergouvernemental, le GIEC, il existerait une corrélation forte entre les émissions de GES (gaz à effet de serre) d’origine humaine et l’augmentation des températures. 2500 scientifiques en seraient la caution. Pourtant de très nombreux autres chercheurs et pas des moindres - sans conflits d’intérêts - démontrent qu’au cours des millénaires passés le climat et les températures ont toujours varié. Le Professeur Alain Préat prouve que les réchauffements ont d’autres causes. L’optimum climatique médiévale, « l’OCM, met à mal l’hypothèse de l’effet de serre du CO2 dans la période du réchauffement actuel qui a débuté vers 1860 ». [6] Comment nos ancêtres, des années 1 000 après J.-C. auraient-ils réussi à émettre tellement de CO2 sans charbon ni pétrole ?

D’autres, par l’étude des carottes de glace, montrent que la hausse des températures du passé a toujours précédé la concentration du CO2 dans l’atmosphère. A l’inverse de ce que les médias nous rabâchent sur la responsabilité des émissions humaines.

D’autres scientifiques encore mettent le réchauffement terrestre en lien avec les cycles solaires. Ils ont montré que toutes les planètes du système solaire se réchauffaient en même temps  ! [7] John Clauser, prix Nobel de physique 2022 a qualifié le discours sur l’urgence climatique de «  corruption dangereuse de la science qui menace l’économie mondiale et le bien-être de milliards de personnes ». La menace est cette écologie autoritaire qui, autoriserait les gouvernements, en rendant les individus responsables, à les sevrer de toute énergie émettrice de GES. Selon lui, « il n’y a pas de crise climatique, l’augmentation des concentrations de CO2 profitera au monde » [8] Il est un des trois prix Nobel de physique qui proclament cela. [9] Selon ces derniers, la couverture nuageuse réfléchissante issue de l’évaporation des mers a un puissant effet de rétroaction négative, cinquante fois plus fort que l’effet de réchauffement du CO2.

Clintel, [10] l’intelligence climatique, une association de 1 580 scientifiques, les climato-réalistes, proclament que l’urgence climatique est injustifiée. Ils dénoncent les manipulations autour du climat destinées à faire peur. A la mi-juillet 2023, l’agence spatiale européenne avait prévu 48° dans le sud de l’Europe. En réalité le thermomètre n’a pas dépassé 32° en Sardaigne. [11]

« Les meilleurs climatologues du monde ont reçu l’ordre de « dissimuler » le fait que la température de la Terre n’a pas augmenté au cours des 15 dernières années. » est le titre d’un article du Dailymail, 17 juillet 2023. De plus, selon ce rapport issu d’une recherche de 6 années, écrit par une centaine de scientifiques du GIEC, l’année la plus chaude a été 1998, il y a 25 ans ! [12]

Nombreux sont ceux qui refusent la doxa climatique. Pour eux il y a absence de lien causale entre les émissions de CO2 et le réchauffement. Ils doutent et, tel des détectives, cherchent d’autres pistes pour expliquer le réchauffement actuel. Pourquoi ne sont-ils jamais invités sur les plateaux Télé, et pourquoi leurs publications ne sont jamais évoquées ? Pourquoi leurs thèses considérées comme « hérétiques », leur font perdre les financements nécessaires à leurs recherches ? Que devient la science quand la controverse est impossible : une croyance, un dogme ?

Philippe Bobola, dans une vidéo titrée « le réchauffement climatique mythe ou réalité », montre que le climat est un outil politique. [13] Il explique que parmi les 2 500 chercheurs du GIEC, il y a de nombreux experts de la communication ! Ainsi, affirmer qu’il y a consensus sur l’origine humaine du changement du climat, revient à nier les polémiques entre chercheurs ! D’ailleurs, nombre d’entre eux ont quitté cet organisme, en désaccord avec ses conclusions, sans que leur nom disparaisse de la liste.

Qui croire ?

Les études des scientifiques renommés et indépendants qui parlent de corruption dangereuse de la science, de manipulations autour du climat, d’outil politique… ou les paroles des gouvernements et des médias, propriétés des milliardaires. Ces derniers répètent ad nauseam que l’humanité, par ces émissions de CO2, est responsable du réchauffement. Guttieres, président de l’ONU, parle en juillet 2023 de risque d’ébullition !!! On agite la peur ! Pour le GIEC et d’autres chercheurs la géo-ingénierie serait la solution. Il y a 50 ans déjà, l’opération Popey au Viêt Nam avait réussi, par une opération chimique d’ensemencement des nuages, à prolonger la mousson, pour ralentir l’avance des vietcongs. On imagine les progrès que cette technique a fait depuis cette époque. Certains dérivés soufrés ou d’autres matériaux, projetés massivement dans l’atmosphère, limiteraient l’éclairement de la Terre et permettrait de la refroidir. A cette échelle personne n’est capable d’en prévoir toutes les conséquences et pourtant, certaines de ces techniques dangereuses sont déjà mises en œuvre. D’autres préconisent l’extraction du CO² sans qu’il y ait de réalisation concrète.

Pourquoi tant de controverses ?

D’immenses opportunités économiques et politiques seraient-elles la clé de cette manipulation des populations par le climat ? Une nouvelle application de la stratégie du choc décrite par Naomi Klein ? A la faveur d’un événement, tel que le réchauffement climatique, volontairement dramatisé, les changements pour y faire face entraîneraient une transformation violente de la civilisation actuelle. Ce qui ne serait ni à l’avantages des peuples, ni ne se ferait avec leur consentement ! Les mondialistes qui nous gouvernent ne créent-ils pas cette émotion de peur, pour tenter de décourager toute résistance à la restriction des libertés ? Leur but n’est-il pas d’ouvrir de nouveaux marchés super profitables pour les multinationales ? Et surtout de détourner l’attention des peuples de la gigantesque injustice d’un système qui permet à des personnes d’être aujourd’hui 10 fois plus riches que des pays entiers (Gates, Soros, Arnaud, Bezos, Musk, etc). Cela, pendant que plusieurs milliards de personnes ne mangent pas suffisamment pour avoir une vie active.

Depuis deux décennies, les événements dramatiques se succèdent. Aux Etats-Unis, attentats du world trade center, (Patriot act), en France attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, révolte des gilets jaunes (taxe carbone), émeutes des banlieues, dans le monde, C19, guerre en Ukraine, réchauffement… Devant l’émotion suscitée, les gouvernements font voter des lois liberticides sous le prétexte de l’urgence. Une fois la menace écartée, ces lois resteront, comme dans une roue à cliquet. Une loi est en préparation pour empêcher les propos climato-sceptiques dans les médias !!!

Le marché du carbone - la tonne bientôt à 70 euros - avec ses quotas d’émission, sa bourse d’échange et ses achats de permis à polluer, n’est-il pas un splendide boulevard pour le business et le profit des actionnaires ? Les puits de carbone ne relèvent-ils pas de l’illusionnisme ? Un massif forestier, en absorbant des milliers de tonnes de CO2 chaque année, serait comme une caverne dans laquelle disparaîtrait une part du réchauffement ! Profitant de cette trouvaille, une entreprise comme Air France achète des forêts au Gabon ou ailleurs, vire les habitants « premiers » de toute exploitation de leur territoire ancestral, et déclare ses vols neutres en carbone !!! En 1989, un journaliste annonçait sur une chaîne (A2) de la télévision française, « Le réchauffement climatique menace de faire sombrer plusieurs pays sous les eaux [14] », à cause des émissions de CO2 de l’industrie ! En 2007-2009, Al Gore prédisait qu’« il n’y aurait plus de glace  » au pôle Nord avant 2013. Les médias comme ce « grand défenseur » de l’écologie se sont lourdement trompés. En revanche, Al Gore a fait fortune avec les green bonds et ses sociétés dans les énergies vertes !

S’il se réalise, le projet de taxe carbone impactera directement les habitations des européens et leurs déplacements. Un pass carbone après le pass sanitaire est en préparation. Une maison ancienne trop chère à isoler aura le même destin qu’une voiture qui ne passe pas le contrôle technique : à la casse. Est-ce l’avenir de la majorité du bâti ancien ? Comment les plus pauvres feront-ils pour se loger ? Recevront-ils au début quelques aides, et ensuite … la rue ! Les entreprises du bâtiment, quant à elles, voient se profiler une manne d’argent magique pour l’appétit gargantuesque de leurs actionnaires.

Les particuliers devront payer plus pour aller travailler s’il n’existe pas de transport collectif. 66 % des déplacements en 2022 se font en voiture particulière, 10 % en transports collectifs. L’organisation des transports a été offerte aux entreprises privées depuis un demi siècle : l’industrie pétrolière, l’automobile, les travaux publics pour la construction des routes/autoroutes, tous ont fait fortune. Fini les trains qui sillonnaient la France à des prix accessibles au plus grand nombre !

Depuis 1970, on sait qu’il faut économiser l’énergie fossile pour diminuer les pollutions. La France importe pétrole, gaz et uranium. Ces ressources ne sont pas inépuisables, quid des générations futures ? Depuis 50 ans, les particuliers ont-ils été aidés pour isoler leur habitat et le rendre plus économe ? Non. Quel gouvernement a fait la promotion de maisons plus petites, de voitures plus légères ? Aucun. Quant au tourisme par voie aérienne, il se développe encore. Les milliers de porte-conteneurs géants, (3 à 400 m de long) qui traversent les océans pour abreuver notre civilisation de consommation et de gaspillage, émettent des GES en très grande quantité. Pourtant la relocalisation des industries n’est pas d’actualité, ou si peu. Toujours des pseudos solutions individuelles et l’abandon du politique en tant que choix de production, de société...

Selon les globalistes, pour la protection du climat il faudrait remplacer 1 milliard de voitures thermiques par des modèles électriques. Une opportunité de profits extraordinaires pour les actionnaires. Même si la construction de chacune est trois fois plus polluante et émettrice de CO2. Et alors que l’électricité est à 80 % d’origine fossile encore en 2023. Il faudrait abandonner le chauffage au gaz et le remplacer par des pompes à chaleur électrique. Les populations auront-elles les moyens d’acheter ces voitures deux fois plus chères et beaucoup plus lourdes, donc plus énergivores ? De remplacer leur chaudière ? 15-20 centrales nucléaires EPR comme celle de Flamanville seraient alors nécessaires. Sans que l’on sache quoi faire des déchets radioactifs. L’énorme investissement ferait monter fortement le prix de l’électricité. Les pollutions seraient alors délocalisées là ou est produite l’électricité - en Chine majoritairement à partir du charbon. Ainsi que dans les pays où sont extraits, avec des dévastations colossales, les terres rares, le coltan, le lithium et l’uranium (électricité nucléaire) pour ces voitures. Par contre, dans les centres villes, là où vivent les plus favorisées, il y aura moins de bruits et moins de pollution !

La guerre en Ukraine provoque une débauche d’émissions de CO2. Pourtant le gouvernement français l’entretient en fournissant des armes. La loi de programmation militaire, en passe d’être votée, permettra au gouvernement de vous réquisitionner, ainsi que votre habitation et tous vos biens si nécessaire. Fin du droit de propriété. En réalité ce n’est pas les émissions de CO2 qui comptent, c’est le maintien au pouvoir d’une caste autocratique par tous les moyens. Les pouvoirs législatif et judiciaire sont de plus en plus soumis à l’exécutif. Les libertés des peuples diminuent.

« Debt-for-Climate Swaps », l’échange de la dette pour le climat, est une publication du FMI, le fond monétaire international, d’août 2022. Hasard ? Les intentions profondes de l’association « Debt for climate » seraient-elles autres que celles proclamées ? Le FMI est un acteur incontournable de la promotion du néocolonialisme. Il est connu pour la brutalité des conditionnalités ultralibérales assorties à ses prêts de « secours ».

La sortie de l’immense injustice globale – accélérant encore en ce début du troisième millénaire - ne se fera pas avec des projets en apesanteur ou des recettes magiques mais avec des luttes locales et internationales. Une prise de conscience du plus grand nombre est indispensable, à l’image de celle de la jeunesse africaine qui a bien compris que le pillage des ressources naturelles ne profite qu’à une partie de plus en plus petite de l’humanité. Que la caste anonyme, aux manettes de notre monde, détruit la nature et les humains pour satisfaire un ego sans limite. Et espérons avec Jean de La Fontaine que La Grenouille qui voulu se faire aussi grosse que le Bœuf ...s’enfla si bien qu’elle creva.

Nicolas Sersiron
auteur de Dette et extractivisme, ed Utopia
président du Cadtm France


La rédaction de Yonne Lautre a choisi de publier cet article tant l’auteur a participé, depuis de nombreuses années, à nous éclairer sur la question de la dette, de son lien avec l’extractivisme climaticide.
Pourtant dans la deuxième partie de cet article, l’auteur remet en cause la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, ce qui nous semble des plus hasardeux et bien contradictoire avec le reste de la démonstration.

Par Sersiron Nicolas

Le vendredi 4 août 2023

Mis à jour le 15 août 2023