17 février 2013 Pierre Rabhi : "l’écologie interroge notre regard sur la vie"
Dans un entretien avec Reporterre, Pierre Rabhi souligne la dimension humaniste de l’écologie.
Barnabé Binctin (Reporterre) - 16 février 2013
En ce début 2013, il est encore temps de tirer un bilan de l’année précédente. Que retenez-vous des élections présidentielles françaises, américaines, russes ; des conférences de Rio, de Doha ou d’Hyderabad ?
Pierre Rabhi - Nous sommes aujourd’hui dans un contexte général d’interrogations sur l’avenir, et l’écologie entre en ligne de compte comme un paramètre qu’il faut appréhender. C’est normal. Mais ce paramètre, qui est essentiel, n’est pas suffisamment mis en exergue, selon moi. Je dirais qu’on met un peu d’écologie pour condimenter l’ensemble du système, mais l’écologie n’apparaît pas encore comme un urgence et une priorité absolue. Au contraire. Je dirais même que l’écologie politique reste un peu limitée. Je pense que c’est parce qu’elle s’appuie sur du factuel. Or l’écologie ne nous interpelle pas seulement sur le trou d’ozone, le carbone ou sur l’épuisement des ressources, mais aussi sur un registre plus intime, un registre de l’ordre du personnel. L’écologie interroge notre regard sur la vie, notre positionnement par rapport aux mystères de la vie. Il n’y a pas assez de beauté invoquée, pas assez de mystères. On reste sur un discours élémentaire, mais qui ne prend pas l’élan de quelque chose de plus fondamental et essentiel.