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Réseau Bio Bourgogne - Franche-Comté : La réponse donnée par le gouvernement à la crise du monde agricole est proprement sidérante.

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 Déclaration de BIOBFC : Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique de Bourgogne Franche Comté
5.02.24

C’est à désespérer !
La réponse donnée par le gouvernement à la crise du monde agricole est proprement sidérante.
C’est finalement à l’environnement, à la santé des milieux et des populations, à la biodiversité et au climat que le gouvernement a décidé de faire payer le prix de la colère des agriculteurs ; colère légitime à bien des égards, mais une fois encore manipulée, récupérée et détournée des vrais problèmes et des vraies solutions.
La seule question qui vaille en effet est celle du modèle de notre agriculture, et c’est bien à cette question que les défenseurs acharnés d’un système qui va droit dans le mur n’entendent pas répondre.
Trop de choses à bousculer, trop d’intérêts en jeu ; il fallait donc, pour éviter toute remise en cause, brouiller les cartes et trouver un bouc émissaire. L’offensive n’a pas tardé.
Il est plus facile, en effet, de réévaluer à la baisse la toxicité des pesticides, d’entraver les recours contre les projets de méga-bassines et mettre au pas les autorités environnementales que d’affronter les industriels de la chimie et les géants de la grande distribution, ou de remettre en question les accords de libre-échange.
Le revenu des agriculteurs, grand oublié des mesures gouvernementales, n’est donc pas près d’augmenter, et ce n’est pas la politique du chèque d’urgence et la promesse d’une vague de contrôles sur l’origine des produits vendus en GMS qui risquent de changer la donne. Quant à garantir le respect de la 3ème loi Egalim, on peut légitimement en douter. On ne peut pas tout avoir quand même ! Les promesses en revanche concernant le volet environnemental sont claires, et tout autant les effets qu’elles auront.
Plus de pesticides et plus de nouveaux pesticides dans les champs (y compris, par contamination, dans ceux des agriculteurs bio obligés de déclasser leurs productions), mise en sommeil du prochain plan Ecophyto, échec cuisant certes mais principal indicateur des volumes de pesticides utilisés, accaparement sans restriction de la ressource en eau, mise en cultures des réservoirs de biodiversité, requalification des zones humides, limitation des recours contre les projets contestés, affaiblissement de l’Office Français de la Biodiversité, et demain peut-être de l’ANSES, pouvoirs dérogatoires des préfets encore accrus….
La France, c’est-à-dire le contribuable, continuera donc de payer les amendes pour non respect de ses objectifs climatiques, mais la « Ferme France » version Rousseau – Fesneau continuera de prospérer au bénéfice d’une petite minorité d’acteurs hostiles à toute vraie transition agroécologique.
Cette transition, cette transformation de notre modèle agricole est pourtant une nécessité absolue. Elle est à terme la seule option qui puisse garantir la survie d’une agriculture durable et diversifiée, qui puisse assurer. notre autonomie alimentaire mais aussi la survie des exploitations et le renouvellement des agriculteurs. La seule option à même de garantir aux agriculteurs la légitimité qu’ils attendent au regard des demandes de la société en matière d’alimentation et de santé, de protection de l’environnement et d’accès équitable à l’eau.
Cette transition vers un autre modèle, durable et compatible avec les objectifs climatiques et les urgences environnementales ne peut reposer sur les seules épaules des agriculteurs aujourd’hui prisonniers d’un système absurde. Elle ne peut réussir qu’à condition que lui soient octroyés les moyens, tous les moyens qu’elle exige et qu’elle soit portée par une volonté politique sans concession, déterminée à la faire aboutir.
Nous sommes aujourd’hui, et de toute évidence, très loin du compte.
Car qui sont-ils les gagnants de cet épisode ?
La FNSEA, syndicat de la co-gestion avec l’Etat d’un modèle productiviste désormais insoutenable, incarné par un dirigeant de multinationale, figure de cette tromperie énergétique et climatique que constitue la production industrielle d’agro-carburants.
La Coordination Rurale, syndicat souverainiste, relai des thèses populistes d’une extrême droite qui entend bien capter en vue des européennes les voix du monde paysan.
Un gouvernement qui, profitant d’une colère rapidement canalisée, annonce triomphalement une « pause » dans la politique environnementale et climatique, cette pause que le Président Macron lui-même appelait de ses vœux il y a peu. « l’environnement, ça commence à bien faire… » Rappelez-vous….
Qui sont les perdants ?
Les lobbies de l’agrochimie ? Leclerc ou Carrefour ? Lactalis ? Non ?
Alors qui ? Je vous laisse deviner…
Bonne nouvelle cependant ! Si le nombre des cancers explosent et vont continuer d’exploser, la recherche médicale quant à elle, avance à grands pas. Avec un peu de chance, on guérira tous les cancers avant qu’on ait trouvé une alternative au Glyphosate. La recherche, semble t’il avance plus vite dans certains secteurs que dans d’autres. On se demande pourquoi.
Mais pourquoi se plaindre ?… Après avoir retoqué en juin dernier un plan d’aide d’urgence à l’agriculture biologique de 271 millions, voté par les députés, le gouvernement va lui octroyer généreusement 50 millions d’euros.
Ouf ! la bio est sauvée, la vie est belle !
Je vous remercie de votre attention.
Christian Baqué, intervention devant le CESER

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