Accueil > ... > Forum 123331

Levothyrox : La France a été le cobaye d’une nouvelle formule réclamée par personne et testée sur personne

9 septembre 2017, 08:03, par Yonne Lautre

Jusqu’à présent, nous ne nous sommes pas exprimés sur le scandale du Levothyrox de cet été, et vous avez un certain nombre à vous en étonner. Mais pour dire quoi, au juste, nous sommes nous demandé ? Pour réclamer, comme beaucoup d’autres, le retour du « bon vieux Levothyrox » ancienne formule ?

Ça ne nous paraissaitpas être le rôle d’Alternative Santé, une revue de santé alternativequi dénonce de longue date la prescription excessive de ce médicament et propose des réponses naturelles pour éviter la situation captive dans laquelle se retrouvent précisément aujourd’hui des millions de patients.

Mais maintenant que des informations plus précises arrivent enfin sur les dessous de cette affaire, il nous paraissait important de soutenir les victimes du Levothyrox et de revenir sur cet épisode estival assez symptomatique des défaillances de nos systèmes d’alerte et de nos agences de santé.

Dés avril dernier, un mois après la mise sur le marché d’une nouvelle formule (sans lactose, mais avec deux nouveaux excipients, le mannitol et l’acide citrique anhydre), apparaissent les premiers signaux d’alerte venus de patients.

Ils constatent l’apparition ou l’aggravation de symptômes invalidants et s’en plaignent auprès de leurs pharmaciens ou médecins, hélas pas assez informés pour les prendre au sérieux et faire remonter l’information auprès des autorités : fatigue extrême, maux de tête, perte de cheveux, douleurs, crises de tachycardies, troubles du transit...

Une fois de plus, nos systèmes de pharmacovigilance ont échoué à faire remonter les signaux d’alerte et à les prendre au sérieux. La parole des victimes a été au mieux minimisée, au pire ignorée. Et il aura fallu attendre le mois d’août, et une mobilisation massive de patients désemparés, pour que les autorités commencent à s’en émouvoir et mettent en place un numéro vert, rapidement débordé par des dizaines de milliers d’appels. Une victime nous confiait se matin que la seule réponse aux nombreuses questions qu’elle a posé à la ligne verte a été : "consultez votre endocrinologue". Merci bien !

Le seul intérêt de cette ligne verte a été de dénombrer les différents effets indésirables de cette nouvelle formule : pas moins de 1 500 ! Le président de l’ANSM tente de temporiser : il y a bien eu des effets indésirables, mais aucun n’aurait été « grave »...

« Pas grave » ? Allez expliquer ça aux personnes dont le quotidien est bouleversé, sont restées sans réponses quant à la raison de leur état, et ont parfois reçu des traitements lourds pour éradiquer des symptômes dont personne n’identifiait la cause.

« Pas grave » reste aussi une appréciation au mieux temporaire, au pire irresponsable, lorsqu’on sait que des variations trop fortes d’hormones thyroïdiennes dans les premiers mois de la grossesse peuvent avoir un impact sur le développement cérébral du fœtus.

L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) est pourtant elle-même responsable du changement de formule qu’elle a pris l’initiative de demander aux laboratoires Merck Serano dés 2012 pour « stabiliser » la formule. À la demande de qui ? Personne ne sait le dire...

« Mais qu’est-ce qui est passé par la tête de l’Agence du médicament, qui habituellement ne fait rien, de demander ce changement de composition ? » s’interrogeait ce matin Philippe Even, ancien doyen de la faculté de médecine de Paris et président de l’Institut Necker.

L’ANSM a, semble-t-il, largement minimisé l’impact possible du changement d’excipient sur les effets du médicament et fait le strict minimum pour l’évaluer. Une simple et courte « étude de bioéquivalence » sur des gens... sans problème de thyroïde ! Puis le produit a tout simplement été distribué à des millions de personnes...

« Il aurait dû être testé, il ne l’a pas été. Cette étude de bioéquivalence est à jeter ! » tranche, sans appel, Philippe Even. Les deux nouveaux excipients ont, explique t-il, très probablement modifié la disponibilité de la molécule active et le rythme de sa libération dans le corps, provoquant des variations hormonales très difficiles à gérer pour certains.

La France a été le cobaye d’une nouvelle formule réclamée par personne et testée sur personne : voilà la réalité de la situation. Au moment où nous écrivons, des associations de victimes sont reçues au ministère de la Santé pour exiger la mise à disposition de l’ancienne formule dans les 48h et plusieurs plaintes (contre X et contre le laboratoire Merck) ont d’ores et déjà été déposées. On vous tiendra au courant des suites du dossier.

Prenez soin de vous,
La rédaction d’Alternative Santé

https://www.alternativesante.fr/

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.