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Chroniques & Brèves de Michel Kloboukoff : "Tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre »

25 août 2013, 20:25, par Yonne Lautre

Par cette contribution je souhaite aider à recadrer tout débat en fonction des échéances définies par le GIEC 2007 par opposition à la thèse de Daniel TANURO : « Il faut intégrer l’écologie dans la lutte sociale ».

1) LIRE LE COMMENTAIRE DE JEAN GADREY : Blog Archive » Daniel Tanuro : post-croissance et anticapitalisme

http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2010/09/27/daniel-tanuro-post-croissance-et-anticapitalisme/

2)LIRE LE COMMENTAIRE DE TOUPIE : Daniel TANURO L’impossible capitalisme vert

http://www.toupie.org/Bibliographie/fiche.php?idbib=727

+2.4°C Faire face au pire pour en différer la survenue

“tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre » Smithsonian Magazine

Pour Serge Latouche l’expression la "décroissance" n’est qu’un slogan. Serge Latouche dit que la "décroissance" n’est pas un concept mais un "mot d’ordre", "c’est un slogan" avec "un côté provocateur"," il n’est pas symétrique de la croissance", "il n’y a pas de théorie de la décroissance".

Le slogan est bref, lapidaire et facilement mémorisé, il exprime une idée qu’on veut diffuser (fonction de recrutement) ou autour de laquelle on veut rassembler (fonction de reconnaissance, de ralliement).

Nous nous faisons fort de nous fonder, notamment sur les conclusions du GIEC 2007, en conscience de celles du Club de Rome, chacun sachant que notre espèce potentialise le franchissement du seuil de l’irréversible climatique.

Indépendamment du GIEC, le documentaire scientifique australien L’épopée du pétrole (avec la participation de Colin Campbell de l’ASPO) met en scène l’ensemble du processus de ce qui est censé survenir avec le franchissement du seuil de l’emballement climatique par l’utilisation des hydrocarbures. Le phénomène apparaît sans merci tant à l’égard des riches que des pauvres, puisqu’il affecte l’ensemble de l’écosphère.

Le globe terrestre, la planète Terre, ne sera pas affectée par l’écocide ; il ne saurait donc y avoir de « Terre-Mère » et moins encore partant des droits de l’homme (DH). Outre que notre humanité ne nous est pas acquise à la naissance, mais au cours de notre socialisation (ce qui témoigne de l’insuffisance des DH).

Nous appartenons à l’écosphère en fonction de laquelle l’écologie définit sa mission.

Notre discours politique se superposera toujours à l’état de l’ensemble des écosystèmes (écosphère). Si le socialisme a mis de longues années avant d’être être reconnu, il ne saurait en être autant de l’écologie et de ses courants politiques qui se fondent sur une finitude, soit +2.4°C. Pas de « socialisme » sans pétrole, il est d’essence productiviste et prométhéenne. Le socialisme (outre la définition qu’en donne JC Michéa) n’ayant jamais concerné que l’avenir radieux, quand la révolution industrielle relève de l’essence de la pensée néolibérale assise sur la consommation des hydrocarbures par km3.

Le franchissement du seuil acquis, nous ne saurions faire plus que de tenter de le différer. Si le franchissement était en cours, l’écologie perdrait tout son sens.

Depuis les conclusions du rapport du GIEC 2007, j’ai relayé à plusieurs reprises des documents confirmant les scénarios les plus sévères pour 2100 (hausse de 3.5°C à 5°C). Ce qui laisse supposer que les +2.4°C pourraient être atteints vers 2050. Que faut-il penser d’une transition qui débuterait en 2015 quand les 2.4°C seraient sur le point d’être potentialisés, transition censée s’étaler sur une période de 40 à 50 ans ?

Il est acquis qu’on n’ose pas utiliser le juste mot après des slogans tels que développement durable, transition ou décroissance. En fait quel est-il ?

AU SUJET DU CLUB DE ROME, EXTRAIT :

« Le point essentiel, que tous les gouvernements, que toutes les entreprises, tous les média auraient du noter, est que le rapport de 2012 confirme celui de 1972. Celui-ci donnait soixante ans au système économique mondial pour s’effondrer, confronté à la diminution des ressources et à la dégradation de l’environnement. La situation est confirmée par la formule du Smithsonian Magazine, « The world is on track for disaster… », autrement dit, “tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre”.

Ce désastre, comme le résume le physicien australien Graham Turner, qui a succédé à Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, découlera du fait que, si l’humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, un effondrement économique se traduisant pas une baisse massive de la population se produira aux alentours de 2030.

Le désastre n’est donc plus loin de nous, mais tout proche. 2020 est d’ailleurs considéré par certains experts comme une date plus probable. L’effondrement pourrait se produire bien avant 2030. Autrement dit tous les projets envisagés pour le moyen terme de 10 ans seraient impactés, voire rendus inopérants. »

LIRE TOUT LE TEXTE :
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/080412/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-la-date-de-la-catastrophe

Quelle stratégie ? Parce que ne subsisterait plus que l’éventuelle possibilité de retarder la survenue du pire, ou d’en atténuer les effets. A partir de quel moment devient-il criminel de parler de "développement durable" ou de nier l’évidence de l’horreur absolue à laquelle vont être confrontées ces "générations futures" déjà nées depuis 1960 ?

Dans cette hypothèse, il ne saurait plus y avoir d’écologiste qui ose encore parler d’avenir sans être négationniste et la question est bien posée de savoir à partir de quand l’écologie politique se trouve dans l’obligation de se renommer ; les écologistes ayant échoué à empêcher le pire après 50 ans de lutte ils seraient délégitimés .

Rappelons ici que ce n’est pas l’écologie politique qui fait le climat, mais que c’est le climat qui fait la raison de l’écologie politique en partant de constats planétaires ; le domaine de l’écologie politique étant celui de la maîtrise de l’initiative part rapport à l’écosphère, ce qui est un continuum à l’opposé de celui de la nouvelle raison néolibérale du monde essentiellement prédatrice qui se définit par la cupidité.

Ici, se joue le seul recours possible dans la course contre la montre, sachant que nous ne saurions plus « nous approprier ensemble l’avenir de notre monde », notre seule chance passe par la reconnaissance de la finitude quand les principes de la vie vont être définitivement mis en cause.


Michel Kloboukoff 25.08.13

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