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Agir contre la mise en danger des salariés du "recyclage des déchets" en France

17 mars 2015 Une usine de recyclage de déchets accusée d’avoir intoxiqué plusieurs de ses salariés

Une PME qui créée des emplois locaux tout en contribuant à préserver l’environnement. Une belle opportunité pour l’économie de Montluçon, en Auvergne... jusqu’à ce que plusieurs salariés se plaignent de maux de tête, de saignements de nez, de troubles digestifs, d’irritation de la peau. Et filment l’atelier dans lequel ils travaillent. Poussières chargées de métaux lourds, protections insuffisantes, taux élevé de plomb dans le sang : salariés et syndicalistes dénoncent un « scandale sanitaire ». Depuis, les conditions de travail semblent s’améliorer, mais plusieurs salariés cherchent à faire reconnaître le préjudice subi. Dans l’indifférence des pouvoirs publics, pour qui toute création d’emploi, même toxique, est sacrée.

http://www.bastamag.net/Une-usine-de-recyclage-accusee-d-avoir-empoisonne-plusieurs-de-ses-salaries


6 septembre 2014 Une filière de « recyclage » de déchets à très haut risque Mise en danger des travailleurs d’Environnement Recycling (Montluçon)

ASSOCIATION DES MALADES DE LA CHIMIE
AMC
29, rue de la République - 03 600 COMMENTRY

Une filière de « recyclage » de déchets à très haut risque
Mise en danger des travailleurs d’Environnement Recycling (Montluçon)

Communiqué de presse, 5 septembre 2014

Au cours de la conférence de presse organisée ce jour à l’UD CGT de Montluçon, Elena Blond, secrétaire Général de l’Union locale CGT de Montluçon, et Laurent Indrusiak, secrétaire Général de l’Union Départementale CGT de l’Allier, ont présenté aux journalistes les conditions de travail et d’atteintes à la santé des salariés de l’entreprise EVE, prestataire d’Environnement Recycling, dans les activités de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), en particulier celles de broyage des tubes cathodiques.
L’affaire est partie d’un médecin de famille ayant constaté chez ses patients travaillant dans cette entreprise des symptômes de même type : fatigue, saignements de nez, troubles digestifs... Les analyses de sang se sont révélées particulièrement inquiétantes. Alors que le Haut Comité à la Santé Publique préconisait en juillet 2014 un alignement sur les normes nord-américaines, d’une plombémie à ne pas dépasser de 12 microgrammes par litre de sang (12 μgr/l), les analyses de ces salariés ont révélé des taux jusqu’à plus de 400 μgr/l.
Inquiets, les syndicalistes ont fait analysé la poussière présente dans l’entreprise : 28 substances ont été identifiées. Parmi eux, non seulement le plomb mais d’autres neurotoxiques, ainsi que des cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Dans une brochure concernant les risques chimiques de l’activité de broyage des tubes cathodiques, l’INRS confirme l’existence de ces risques et rappelle que les opérations de concassage et pulvérisation doivent être faites « dans un broyeur en
système clos raccordé à un réseau de captage et de filtration avec rejet extérieur de l’air traité » 1 . Ce
qui n’est pas le cas à Environnement Recycling.
L’autre point noir est le recours à des travailleurs temporaires (handicapés pour un certain nombre d’entre eux). D’une part, s’agissant de l’activité habituelle de l’entreprise, les contrats de ces travailleurs devrait être re-qualifiés en CDI. D’autre part, le code du Travail interdit le recours au travail temporaire pour la réalisation de certains travaux dangereux (Article D4154-1 du code du travail), dont ceux exposés à plusieurs des toxiques identifiés à Environnement Recycling.
S’appuyant sur l’expérience de l’association Henri Pézerat, Annie Thébaud-Mony a rappelé les limites de la plombémie comme seul marqueur d’exposition au plomb. En matière de prévention du risque chimique, le code du Travail impose l’évaluation des risques sur les lieux de travail et surtout
l’absence de tout contact entre les travailleurs et les toxiques. S’agissant de poussières ultra-fines (nano-particules) et en référence à l’obligation de sécurité de résultat du chef d’entreprise, les précautions à prendre rejoignent celles imposées pour des travaux en présence d’amiante.
Christian Micaud a témoigné de la lutte engagée de très longue date par l’AMC aux côtés du CHSCT de l’entreprise ADISSEO, ayant permis la reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur pour les victimes de cancer du rein et des avancées importantes concernant la prévention des risques toxiques pour les travailleurs du site.
Solidaires de l’action engagée par la CGT de l’Allier, l’association Henri Pézerat et l’AMC ont réaffirmé leur soutien pour le respect des droits des travailleurs d’ Environnement Recycling et pour une amélioration des conditions de travail conforme au code du Travail.

Les écrans à tube cathodique. Comment réduire le risque chimique, INRS, ED 6089, 2011

http://www.asso-henri-pezerat.org/


2 septembre 2014 Conférence de presse UD CGT Montluçon 5 septembre 2014 : des salariés du "recyclage des déchets" travaillant en sous-traitance mis en danger

Il y a 1 an ½ la CGT intervenait afin de faire connaitre les conditions de travail dans l’entreprise Environnement Recycling (entreprise de recyclage) ZAC de Maupertuis à Domérat dans l’Allier. Les médias locaux ainsi que certain médias nationaux (l’humanité voir article ci-joint, France Inter, France 3 ,Hesa Mag magazine de l’institut syndicale européen ainsi que la NVO et Ensemble journaux nationaux de la CGT ) ont traité le sujet .

L’activité de cette entreprise est scindée en trois unités (EVE, RECYCLEA et Environnement Recycling) :

 RECYCLEA (Entreprise Adaptée pour travailleurs handicapés) : gestion de fin de vie des matériels informatiques et électroniques -audit et effacement des données, recyclage de parc informatique et électronique, reconditionnement-
 EVE -Entreprise d’insertion- (1) : manutention et destruction (cisaille) du petit électro-ménager.
 ENVIRONNEMENT RECYCLING - Atelier ANDELA(2) - (Entreprise d’insertion) : Traitement des Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE/D3E) dont les tubes cathodiques : Démantèlement / Broyage / Granulation.

Par les témoignages que nous avons recueillis, les images que nous avons pu visionner (voir vidéo ci-joint), nous ne pouvons que constater que le procédé utilisé dans l’atelier Andela a pour conséquence une diffusion massive de poussières.

Or, il s’avère après des analyses que nous avons faites faire, que les poussières qui sont respirées par les salariés contiennent un nombre important de métaux lourds (28 métaux lourds tels que le plomb, le baryum, l’antimoine etc. ont été isolés). Nous sommes donc en présence d’une poly exposition des salariés, qui n’est pas sans conséquence sur leur santé.

Par ailleurs plusieurs témoignages convergent sur le fait que de nombreux salariés sont victimes de saignements de nez, de toux d’irritation, de maux de tête, de crachat de sang, de fatigue anormale, tous les signes d’une intoxication à l’antimoine.

Les analyses du taux de plombémie que nous avons en notre possession sont préoccupantes. On peut observer que le taux en 6 mois de temps triple ! Le résultat des analyses que nous avons varie entre un taux de 260 microgr et 400 microgr ce qui nécessite une surveillance médicale importante. Qu’en est-il des salariés qui ont quitté l’entreprise ? Sont-ils suivis ? Ceux qui ont eu des taux supérieurs à 400 microgr ont été écartés de l’atelier mais cela aurait dû entrainer un arrêt de la chaine et les employeurs auraient dû immédiatement engager des analyses précises avant toute reprise de l’activité.

S’ajoute à l’empoussièrement anormal tous les accidents liés à la manutention et au démantèlement : les appareils (comme les machines à laver) sont empilés sans palette (nous savons qu’un salarié a reçu une machine sur l’épaule), les frigos chargés dans les camions dégagent des vapeurs d’ammoniaque, éventration, coupures profondes lors de la manutention ou du démantèlement des écrans sont à rajouter à cette triste liste !

Nous savons également que les inspections des organismes de contrôle ou les visites officielles sont anticipées. Les machines sont arrêtées ou ralenties et les salariés doivent balayer les ateliers afin que l’empoussièrement n’apparaisse pas.

Les pouvoirs publics (agglomération, Conseil Général, Conseil Régional, Europe, Etat) ont financé des sommes considérables pour permettre l’implantation, ou pour contribuer au fonctionnement (aides aux contrats aidés) et à l’investissement de cette entreprise.

1 an ½ après notre intervention, et heureusement que nous sommes intervenus, la situation s’est certes légèrement améliorée, mais de façon bien insuffisante pour nous permettre de relâcher la pression sur les dirigeants de cette entreprise.
En effet, les derniers témoignages que nous avons récoltés, font état d’un empoussièrement encore important et cela malgré un système d’aspiration qui devait tout régler au dire des employeurs. Les nouveaux témoignages font état de taux de plombémie de près de 200 microgr pour un salarié présent dans l’entreprise depuis seulement deux semaines, et d’un autre salarié ayant un taux de 450 microgr.
De toute évidence, les salariés sont encore exposés de façon importante à ce cocktail détonant, et malheureusement, ni l’employeur, ni les élus politiques du bassin, ni les services de l’Etat n’ont pris la mesure de la situation, ou peut-être, pire, ne veulent rien faire !
Face au cynisme des employeurs l’inaction des pouvoirs publics, nous nous voyons donc une fois de plus obligés d’intervenir sur ce dossier.
Nous sommes en train de déposer des dossiers prud’hommes au titre du préjudice d’anxiété, mais nous pensons qu’il est indispensable d’aller plus loin, afin que les salariés de cette entreprise, mais plus largement l’ensemble des salariés de cette filière, cessent de risquer leur santé, voire leur vie en travaillant dans ces entreprises.
Nous avons donc décidés de déposé plainte au pénal à l’encontre de la SARL EVE.
Afin de faire le point sur ce dossier et de faire connaitre les raison qui nous ont conduis à cette démarche, nous avons décidés de tenir une conférence de presse le vendredi 5 septembre 2014, celle-ci se tiendra à l’Union Départementale CGT de l’Allier à 14 h , 18 Avenue Jules Ferry 03100 Montluçon.
Cela sera l’occasion d’expliquer, plus précisément la situation, mais aussi de pointer les responsabilités de tous les acteurs, dirigeants de l’entreprise, rôle des politiques et partenaires économique, services de l’état concerné sur ce dossier.
La CGT n’est pas seule sur ce dossier, puisque plusieurs associations sont à nos cotés dans ce dossier, l’association Henri Pézerat, l’association des Malades de la Chimie (AMC).

Participera à la Conférence de presse : Annie THEBAUD-MONY , directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et présidente de l’association Henri Pézerat , Christian MICAUD président de l’AMC , Maitre Dominique MACHELON avocat conseil au TGI de Clermont Ferrand, Gérard Barrad médecin du travail en retraite, Elena BLOND secrétaire Général Union locale CGT de Montluçon, , Laurent Indrusiak secrétaire Général Union Départementale CGT de l’Allier.

http://cgt03.fr/


19 décembre 2019

Par Rédaction Yonne Lautre

Le jeudi 19 décembre 2019

Mis à jour le 20 février 2023