Association de Défense de l’Environnement
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La COP27 sur le climat s’est achevée le 20 novembre à Charm el-Cheikh (Egypte) sur un sérieux paradoxe. Accédant, après trente ans de refus, à la demande des pays du Sud qui subissent plus que d’autres les effets du changement climatique, les pays du Nord ont accepté de lancer un fond pour les "pertes et dommages", et de mettre la main à la poche pour l’abonder. Gros effort, puisque les coûts sont estimés entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030 et pourraient atteindre 1700 milliards en 2050.
À ce stade, on se dit qu’en prenant ce lourd engagement financier pour réparer les impacts du changement climatique, l’ensemble des pays signataires s’attaquerait enfin sérieusement à ses causes. Pourtant, malgré les préconisations du GIEC, la décision finale de la COP27 est en recul par rapport à celle de la COP26 sur le gaz et le pétrole. D’où cette absurdité : laisser ouverts les robinets, tout en s’équipant de serpillières.
Tout cela parce qu’États pétroliers et gaziers d’une part, industrie des fossiles d’autre part, ont investi tous les espaces dédiés à la question climatique et y ont multiplié la présence de lobbyistes -leur nombre a dépassé les 600 à la COP27-. Sur fond de crise énergétique et de guerre en Ukraine, leur efficacité a été redoutable. Toute honte bue, certains pays du Nord ont profité de cette COP pour chercher des opportunités pétrolières et gazières en Afrique, de nombreux contrats ont ainsi été signés en marge du sommet... Pendant qu’on proclamait en tribune l’urgence climatique. Voilà comment a été bloquée, cette année, toute tentative de brider l’exploitation des ressources fossiles.
Bien sûr, la ficelle est si grosse qu’aucun observateur avisé n’est dupe, journalistes, scientifiques, experts du GIEC, l’ont dénoncée, comme ils ont dénoncé les capacités d’enfumage des dirigeants avides-cupides de l’industrie des hydrocarbures, lesquels, après avoir usé et abusé de la stratégie du doute, misent sur le techno-solutionnisme.
Les rois du pétrole soutiennent, en nouveaux et ardents (!) défenseurs de la cause climatique, que le salut viendra de la géo ingénierie, de la capture et du stockage de CO2 et autres techno-calembredaines dans lesquels ils investissent. Ils affirment dans la foulée que les nouveaux projets d’extraction d’hydrocarbures sont nécessaires puisqu’ils financeront leurs techno solutions ! Ils ont pour alliés les trois icônes mondiales de la "high-tech", Bezos, Musk, Zuckerberg, héros auto-proclamés venus "sauver le monde" grâce aux innovations technologiques. On l’aura compris, l’urgence climatique de cette élite ultra-riche à l’empreinte carbone démentielle n’est pas la nôtre, mais elle leur permet de peser sur les choix politiques et de consolider leur pouvoir.
Il faut faire tomber ce(s) rideau(x) de fumée : toute expression d’émancipation vis-à-vis de cette élite, à qui le mot sobriété donne des boutons, est un frein au monde qu’elle entend façonner.
Y contribue la mise sous les projecteurs de leur avidité dévastatrice, des impacts sociaux et environnementaux massifs qui résultent de leurs choix (Cash investigation, 19/1 "les multinationales s’habillent en vert" - La 5, 29/1 "Les fantômes du pétrole"). Y contribue aussi l’ouverture de la réflexion sur d’autres récits, de nouveaux possibles, des futurs souhaitables que donnent à penser les organisations multiformes et pluriactives essaimant au gré des mobilisations.
Un dernier mot pour la route : Nous sommes, toutes et tous, en capacité d’agir.

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