12 juillet « Ecoterrorisme » : Affaire Lafarge : des mises en examen pour « étouffer » le mouvement écologiste
CP - Affaire Lafarge - solidarité devant le tribunal et déclaration à la juge
La déclaration complète d’une des deux convoquées hier devant la juge d’instruction est lisible ici : https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/affaire-lafarge-une-personne-convoquee-nous-parle
Mardi 11 juillet, deux personnes étaient convoquées au TGI d’Aix-en-provence pour une mise en examen dans le cadre de l’affaire Lafarge, suite au désarmement en décembre dernier par 150 personnes de leur site de Bouc-bel-air l’un des plus polluants du pays.
Une conférence de presse et un rassemblement de soutien se sont tenus devant le tribunal à l’appel d’un comité de soutiens aux arrêtées et des Amies des Soulèvements de la terre PACA (https://lundi.am/Rassemblement-de-soutien-face-a-la-repression-du-
mouvement-ecologiste).
Une centaine de personnes étaient présentes dans une chaude ambiance, déterminées à montrer leur soutien aux deux convoquées tout en réaffirmant la nécessité plus générale de mouvements écologistes conséquents.
Plusieurs prises de paroles ont permis de mettre en lumière les multiples aberrations quiaccompagnent ces mises en examen. En premier lieu, M. l’une des convoquée dans cette affaire rappelle : « aujourd’hui, il me semble que c’est mon entourage familial et amical, ainsi que mes engagements, qui sont visés par une enquête dont je réfute la construction. » Elle précise également qu’elle a fait valoir son droit au silence, ne souhaitant pas participer à la fabrique « d’un récit fantasmé, pur produit de l’anti-terrorisme français ». Son intervention publique qui est aussi la "déclaration libre" qu’elle a choisit de faire à la juge est lisible dans son intégralité ici : https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/affaire-lafarge-une-personne-convoquee-nous-parle
A ce sujet, un ancien inculpté dans l’affaire de Tarnac est intervenu pour insister sur la relation étroite entre la SDAT et la DGSI ainsi que leur rôle dans ce type d’instructions. Il apparaît que les dernières années, l’usage des lois et des moyens de l’anti-terrorisme sont de plus en plus déployés dans le cadre d’affaires de droit commun, comme celle de « l’affaire Lafarge » aujourd’hui. Parailleurs, les locaux de la Sous Direction Anti-Terroriste, service judiciaire qui a mené une grande partie de l’enquête sont situés à Levallois-Perret, soit au même endroit que ceux de la DGSI, organe du renseignement intérieur français. Cette porosité est la définition même d’une police politique : la collusion de l’opération judiciaire, censée être indépendante, avec les méthodes secrètes du renseignement.
Cette influence politique était justement pointée par une autre personne proche des SDT qui a rappelé la l’opération policière de grande ampleur des 5 et 20 juin dernier, où des personnes ont été arrêtées en même temps, tantôt dans le cadre de l’affaire « Lafarge », tantôt pour « organisation de manifestation interdite à Sainte-Soline », le tout à la veille de la dissolution administrative du mouvement des SDT. Ces derniers avaient relayé et soutenu l’action de désarmement de l’usine de Lafarge de bouc bel-air, sans pour autant l’avoir organisée. L’opération en cours est donc une vaste offensive, judiciaire autant qu’administrative et politique, contre les SDT, et, plus largement, toute forme d’écologie qui n’en reste pas aux petits gestes individuels et aux fausses transitions étatiques.
Par la suite, une architecte, qui se reconnaît également dans le mouvement des SDT, a insisté sur les ravages de l’industrie du béton, responsable de 8 % des émissions de CO2 mondiales. Matériau de construction, il est aujourd’hui, à travers l’exploitation des carrières et l’industrie du BTP, une arme de destruction massive des écosystèmes par la pollution des sols, de l’eau et de l’air, de la Loire- Atlantique à la Mayenne en passant par le site de La Malle, à Bouc Bel Air, figurant parmi les 50 sites les plus polluants de France. Alors que des alternatives au béton et à son industrie existent aux quatre coins du monde, il est plus que jamais temps de transformer notre rapport à la construction et de poursuivre les diverses luttes contre la bétonisation du monde.
Pour finir, tous-tes rappellent que Lafarge a été condamnée récemment pour crime contre l’humanité et que c’est bien l’activité de cette entreprise qui correspond à la définition de l’écoterrorisme.
À la suite de la comparution devant les deux juges d’instructions, la mise en examen a été actée pour les faits de destruction et dégradation par voie d’incendie en bande organisée à l’encontre de plusieurs engins de chantier appartenant à la société SAS BUESA, et d’association de malfaiteurs, le 10 décembre 2022, à Bouc Bel Air, dans les Bouches du Rhône. A l’issue de la mise en examen, les mesures de contrôle judiciaire suivantes ont été prises par les juges d’instruction :
– Interdiction de paraître sur le département des Bouches du Rhône (13).
– Interdiction de participer à une manifestation sur la voie publique aux abords des sites
appartenant à la société LAFARGE.
– Interdiction d’entrer en contact de quelques que manières que ce soit avec la deuxième personne
M. a fini sa déclaration en disant qu’elle ne pouvait qu’appeler aujourd’hui à continuer de lutter.