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Consommation & Impact carbone : Mike Berners-Lee, expert du bilan carbone : « réduire notre empreinte carbone n’est pas la seule chose que l’on devrait faire »

Impact environnemental. Empreinte carbone.

 Mike Berners-Lee, expert du bilan carbone : « réduire notre empreinte carbone n’est pas la seule chose que l’on devrait faire » 27.03.24
Peut-on encore manger des bananes ? Cette question en apparence anodine est le titre de l’adaptation française de l’ouvrage de Mike Berners-Lee, écrivain et chercheur anglais sur l’empreinte carbone. Il y quantifie les émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui se cachent derrière nos achats et nos gestes du quotidien. Le travail de Mike Berners-Lee se montre utile pour comprendre l’impact de nos comportements et initier des actions responsables avec plus de lucidité. GoodPlanet Mag’ a pu s’entretenir avec pour revenir sur la place du carbone dans nos vie et la portée des gestes individuels.
https://www.goodplanet.info/2024/03/26/mike-berners-lee-expert-du-bilan-carbone-reduire-notre-empreinte-carbone-nest-pas-la-seule-chose-que-lon-devrait-faire/?idU=1

 Mike Berners-Lee publie "Peut-on encore manger des bananes ? L’empreinte carbone de tout" 19.03.24
Pour respecter nos engagements climatiques, nous devons réduire nos émissions de CO2 à 2 tonnes par an et par personne. Mais que faut-il changer en priorité ? Les réponses du chercheur Mike Berners-Lee, qui y a consacré un livre.
https://reporterre.net/Empreinte-carbone-Oui-on-peut-manger-des-bananes

 Le climat pour faire gagner 45 millions de français 4.01.24
Admettons qu’on donne un budget carbone à tous les français, nous sommes 68 millions et la France est responsable de 604 millions de tonnes de CO2e chaque année : c’est un peu moins de 9000 kg par personne. Il faudra le répartir égalitairement pour atteindre 2000 en 2050, alors ce budget de 9000 points carbone par personne serait doucement réduit, il serait renouvelé avec 6% de moins chaque année.

Il y a de fortes disparités entre ceux (les plus sobres) qui sont déjà à 2 000 et ceux qui dépassent 50 000. La moyenne est à 9000 et nous sommes 45 millions à nécessiter moins de 9000. Les gagnants !

Les 32 % les plus riches de France seront vite en insuffisance avec ces 9000 et on ne peut pas les laisser mourir de faim : il faut organiser des ajustoirs régionaux où ils peuvent acheter des surplus de survie, des points carbone qui seraient réservés à l’alimentaire et aux besoins de base.
Les ajustoirs ne peuvent créer de tels surplus qu’en rachetant les points non utilisés des plus sobres, des 45 millions les plus sobres : les gagnants !

Tous ne voudront pas monnayer leurs excédents, préférant accélérer la décarbonation. La valeur d’échange va vite augmenter et pour survivre les riches seront contents de donner de l’argent pour les plus modestes.

Quelques pourcents de français pourraient craindre d’y perdre sans pouvoir se payer les surplus : pour les cas particuliers, seraient prévus des surquotas comme pour les personnes sur-médicalisées ou pour des études à l’étranger ou pour un soignant obligé de se déplacer pour son aïeul.

Durant les 30 ans à venir nous aurons progressivement atteint la neutralité carbonique en même temps qu’arrondi les fins de mois des plus nécessiteux. La neutralité demandée par les scientifiques est en fait l’équilibrage avec ce que peuvent absorber les végétaux, soit environ le quart de ce que produit l’humanité actuellement. Trente ans d’équilibrage, cela ne doit pas donner prétexte à retarder, il faut absolument démarrer le plus rapidement possible car tout retard aggrave les cataclysmes.

Du jour où la France et quelques pays le lancent, il faudra 8 à 15 mois pour mettre en place une autorité spécifique, par exemple une agence carbone comme on avait créé la sécu en 1945, et permettre l’étiquetage de tous produits et services. La première année ces étiquetages seront indicatifs, extraits des calculs de l’ADEME. Dès que les entreprises auront reçu les factures carbone de leurs fournisseurs, elles pourront mentionner la valeur intégrée, au plus près de la réalité.

Le plus délicat est de lancer le processus, les soutiens du mécanisme souhaitent que ce soit décidé par franche majorité après une consultation élargie, une sorte d’États Généraux du climat, se concluant par une votation à questions emboîtées.

Il faudra l’anticiper par une forte campagne d’information et de recueil d’opinion que pourront organiser les médias, en cherchant une large coopération de tous les supports de communication, la presse, les réseaux, les médias, la radio et télévision de tous bords.
Une belle opportunité de refaire société ?
Toute proposition auprès de contact comptecarbone.cc

 Quotas carbone individuels échangeables : par delà l’illusion 3.12.23
Par Benoît Cogné
L’urgence climatique ne fait aucun doute. Mais, alors que l’on ne semble toujours pas avoir trouvé collectivement la bonne méthode pour atteindre la neutralité carbone dans les délais convenus, une solution pour le moins radicale, encore peu médiatisée, fait son chemin jusqu’à atteindre des milieux intellectuels reconnus pour leur prudence : le « système des quotas individuels échangeables », souvent intégré à la définition du « compte carbone individuel », ou encore « carte carbone ».
https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-37-automne-2023/dossier-planification-de-la-bifurcation-ecologique/article/quotas-carbone-individuels-echangeables-par-dela-l-illusion

 Réponse d’Armel Prieur du Compte Carbone 4.12.23
Permettez que je contredise le papier d’humeur traitant le mécanisme de quotas carbone individuels d’"impasse", alors que ce mécanisme est le seul à pouvoir être mis en compétition avec la taxe carbone grâce aux avantages qui en ont été démontrés lors des Assises du Climat de février à avril 2021, en particulier de satisfaire aux cinq critères d’efficacité de tout mécanisme climatique :

1- compter toutes les causes de gaz à effet de serre, qu’elles soient locales ou importées,

2- garantir la réduction annuelle de 6% vers l’équilibre climatique 2050,

3- susciter la justice sociale,

4- impliquer tous les acteurs dont les services publics et les entreprises,

5- privilégier les voies de moindre contrainte vers liberté et acceptabilité.

Sur les points avancés par Benoit Cogné, rappelons que la dotation carbone à tous citoyens prévoit d’intégrer les services publics et administrations, permettant de garantir l’entièreté de l’empreinte française (évaluée à 0.604 Gt Co2e par le HCC). Il craint que la spéculation ne casse le mécanisme (ce que je crois aussi) mais il n’y aura pas de spéculation car les points carbone non utilisés dans l’année ne sont pas reportables, ils sont remplacés par la nouvelle dotation, il n’y a pas de risque de spéculation.

Il craint que l’État ne soit pas à la hauteur et que cela ferait capoter le programme : nous aussi, c’est justement pour cela qu’une pression populaire fera respecter à l’État ses obligations de juguler les défauts climatiques qui sont de son ressort (mobilité, bâtiments, armée).

Il craint que cela soit injuste par impossibilité de prévoir la valeur d’échange des points carbone, cet argument ne tient que pour les spéculateurs, or il n’y aura pas de spéculation.

Il craint que cela soit injuste parce que des pauvres sacrifieraient leur santé pour vendre des points carbone, nous ne sommes pas en Inde où les croyances justifient les sacrifices. C’est avant tout pour la santé à long terme que ce mécanisme serait mis en œuvre.

Il craint un risque de mise en tension de la société, moi aussi je crains les "gilets dorés" mais ils seront très minoritaires, le problème est que la société est déjà au bord de l’explosion, ce mécanisme ne peut que calmer le jeu.

Appeler à une "répartition juste inconditionnelle des revenus" est très louable mais risque de prendre plus de temps que le sauvetage du climat tel que proposé par les quotas.

J’apprécie le chapitre sur le besoin d’une compta carbone, mais les entreprises ne rentreront pas dans le jeu s’il n’y a pas une demande des consommateurs-citoyens pour l’imposer, lesquels ne le feront que si c’est une solution au réchauffement donc avec réduction annuelle.

Je serais très heureux que ce débat renforce le déploiement du mécanisme de quotas carbone individuels, saluons la tribune d’économistes dans Le Monde du 29/10/2023 appelant à un Bretton Woods de la monnaie carbone, https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/27/transition-ecologique-pour-un-bretton-woods-de-la-monnaie-carbone_6196818_3232.html
https://comptecarbone.cc/

Par Rédaction Yonne Lautre

Le mercredi 27 mars 2024

Mis à jour le 27 mars 2024