Un méga incinérateur à Sens, ça ne va pas de soi ! 27.03.24

Un projet départemental
C‛est un projet départemental en mesure de brûler les déchets ménagers des trois-quarts du département.
Extrait de l‛article de France Bleue Auxerre du 15 janvier 2024 : "C’est un projet à l’envergure encore incertaine qu’a annoncé lundi l’agglomération du Grand Sénonais, dans l’Yonne, mais qui pourrait bien être l’investissement le plus important de la décennie pour le département de l’Yonne. L’actuelle usine d’incinération de Sens, dans la zone des Vauguillettes, arrive en fin de vie en 2029. Il faut donc la remplacer. L’agglomération propose donc à neuf autres intercommunalités de l’Yonne de participer à créer une grande usine, d’une capacité trois fois plus importante, qui serait en mesure de brûler les déchets ménagers des trois-quarts du département."

L‛incinération n‛est jamais renouvelable
Les incinérateurs sont les plus grands producteurs de CO2. Ils produisent aussi des polluants dangereux pour la santé.
Pour faire oublier leur impact négatif écologique et sanitaire, les usines d‛incinération sont opportunément renommées « unités de valorisation énergétique » lorsqu‛elles produisent de la chaleur et/ou de l‛électricité.
Le traitement ultime des déchets en incinérateur et en décharge ne doit se limiter qu‛à la toute dernière fraction de déchets qui n‛aura pu être évitée, réemployée et recyclée.
Vanter la "valorisation énergétique" des déchets qui s‛y retrouvent comme "renouvelables", c‛est encourager des pratiques qui ne doivent advenir qu‛en tout dernier recours et qui sont appelées à largement diminuer dans les prochaines années. C‛est tout le sens des objectifs européens et français de réduction des déchets.
La production énergétique issue du traitement des déchets n‛a finalement de « renouvelable » que le nom. La qualification, permise uniquement par une mauvaise gestion des biodéchets, est abusive et contre-productive.
Elle tend à minimiser l‛impact négatif du traitement des biodéchets et fait oublier l‛origine fossile des autres déchets, notamment plastiques, envoyés en installations de traitement.
De plus, l‛incinération n‛est pas une forme très performante de production d‛énergie et leur classement en énergie renouvelable est très contestable.

Surcapacité du parc d‛incinération
L‛usine de Sens est en sur capacité puisqu‛elle brûle chaque année 16 000 tonnes de déchets pour une
capacité de 24 000 tonnes. Elle brûlait 17 921 tonnes en 2015.
Au plan régional la surcapacité des usines d‛incinération était déjà de 15 % en 2015.
En 2020, les pays de l‛UE c‛est une surcapacité de 60 millions de tonnes de déchets, qui continue
d‛augmenter chaque année.

La Communauté de communes du Nord Yonne (CCYN) doit rester à Montereau
La CCYN annonce un changement majeur des 2024 : les ordures ménagères ne seront plus enfouies à
Champigny mais valorisées énergétiquement par incinération à Montereau.
Si elle rejoint la future usine de Sens, alors c‛est l’incinérateur de Montereau qui sera en surcapacité !
Donc le projet de Sens n‛est pas utile pour la CCYN.

Le compostage obligatoire devrait permettre une réduction de 30 % des tonnages à incinérer
Cette surcapacité va s‛amplifier avec la forte baisse de tonnage déjà en cours et qui va s‛accentuer fortement du fait des politiques de réduction programmées par les diverses institutions.
Aujourd’hui encore, les biodéchets représentent plus du tiers des poubelles résiduelles des Français∙es.
Incinérer des biodéchets est une aberration : des déchets étant majoritairement composes d‛eau, leur incinération consomme plus d‛énergie qu‛elle n‛en produit. De plus, l’incinération contribue au changement climatique : pour chaque tonne de déchets incinérée est émise au moins une tonne de CO2.

Une obligation connue des collectivités depuis huit ans
À partir du 1er janvier 2024, tous les ménages devraient, selon la loi, pouvoir trier leurs biodéchets.
Ce sont les collectivités locales qui sont tenues de mettre en place cette obligation légale et de proposer à
leurs habitant∙es une ou plusieurs solutions.
On peut s‛interroger sur le fait que les collectivités concernées n‛aient pas encore mis en application cette obligation connue depuis huit ans, mais qu‛elles s‛activent pour incinérer toujours plus.

L‛Ademe, la Région et Zéro Waste se rejoignent pour considérer que de nouvelles installations ne sont pas souhaitables.
La diminution régulière et continue des déchets résiduels ces dernières années a ainsi amené l’Ademe à
constater, dans un avis publie en 2017, qu‛il n‛y a globalement pas de besoin en nouvelles capacités sur le territoire français.
La Région qui a la compétence de la planification, de la prévention et de la gestion des déchets, constate au niveau global une diminution des ordures ménagères collectées de 5% et prévoit une baisse des tonnages.
Aussi le plan régional prévoit de réduire la production des déchets ménagers et assimilés par rapport a 2010 de 15% en 2025 et de 20 % en 2031.
Dans son plan, la réponse de la Région à cette évolution est la mutualisation des installations.
Le plan régional est un document opposable : les décisions prises par les personnes morales de droit public et leurs concessionnaires dans le domaine de la prévention et de la gestion des déchets doivent être compatibles avec celui-ci.

Zéro Waste : "Il est temps d‛instaurer un moratoire sur l‛incinération".
Zéro Waste qui fédère la quasi totalité des grandes organisations environnementales est un acteur incontournable dans le domaine des déchets et reconnu par les autorités publiques.
Toute surcapacité d‛incinération (comme celle déjà constatée) est en opposition complète avec les objectifs de réduction des déchets et de valorisation matière (notamment des biodéchets) prévus par le Code de l‛environnement et la réglementation européenne.

Des impératifs de rentabilité opposés à la diminution des déchets
Exploites à 90 % par les géants du secteur (Veolia, Suez et leurs filiales), les investissements et les coûts de fonctionnement de ces usines nécessitent des tonnages d‛exploitation incompressibles.
La crainte de Zéro Waste France est qu‛en investissant dans des infrastructures, coûteuses, les industriels soient incités à vouloir rentabiliser ces investissements au détriment du développement de solutions visant la réduction des déchets en amont.

"Plus nous aurons de tonnage, plus le coût à la tonne baissera", indique le président de l’Agglomération de Sens, Marc Botin. Tout est dit !

Alain Job
Christine Roussey
Daniel Vey
Jean-Claude Cluzel
Jean-Luc Pellard
(Citoyens icaunais engagés pour la planète)

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Par Rédaction Yonne Lautre

Publié le mercredi 27 mars 2024

Mis à jour le mercredi 27 mars 2024