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"Quand ils sont venus chercher les communistes..." par Martin Niemöller

MARTIN NIEMÖLLER, DACHAU

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique.

Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. »

MARTIN NIEMÖLLER, DACHAU

arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen.
Il fut ensuite transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau.
Libéré du camp par la chute du régime nazi, en 1945.

 "Quand ils sont venus chercher les communistes..." par Martin Niemöller 16.04.11
La dernière phrase en Allemand, remise dans le contexte de son auteur est extraordinaire, elle renvoie à tant de références historiques et philosophiques !!
"quand il sont venus me chercher, il n’y en avait plus, des protestants "

  "Quand ils sont venus chercher les..." A propos de la célèbre citation du pasteur antinazi Niemöller" par Martin Niemöller 9.92.06
Un ami et correspondant m’écrit ce mercredi soir :

« Bonjour Luc, Sais-tu quel est l’auteur de la très belle citation indiquée dans le message de Catherine ci-dessous ? Je pense qu’il s’agit d’un théologien allemand protestant, mais je n’en suis pas certain. (…) »

Re-bonjour, je me souviens que cette magnifique déclaration de solidarité antifasciste avait été lue à la télévision française, sur son temps de parole officiel, par la candidate du PSU (Parti socialiste unifié), Huguette Bouchardeau, durant sa campagne présidentielle en 1981.

Il m’a fallu environ 13 minutes pour retrouver ce célèbre texte sur internet, alors que normalement Google devrait trouver une phrase aussi souvent citée en 2,5 secondes.

L’explication de ce retard (relatif !) est significatif du problème d’internet aujourd’hui. Non seulement toute erreur s’y ajoute, sédimentée pour l’éternité, sans possibilité de correction (comme certains exemples navrants, et notamment cet appel récurrent à sauver une enfant leucémique d’un hôpital de l’Ouest de la France, malheureusement décédée depuis maintenant plusieurs années alors que le message circule toujours sans vérifier sur les site d’ "HOAX", et toute autre erreur factuelle, malveillante ou pas) mais aussi toutes les imprécisions, susceptibles d’être recopiées sans vérification.

Il se trouve que le sénateur et ancien ministre Badinter a cité un jour un public une version modifiée de ce beau texte antinazi, lors d’une célébration des Droits de l’Homme en 1988 (je crois). (Je dis cela d’après Google, sous toutes réserves d’usage).

Or Badinter a commis ce jour-là deux erreurs, apparemment innocentes, mais finalement pas si anodines :

1 - Il n’a pas cité le nom de l’auteur (le pasteur allemand anti-nazi Martin Niemöller) mais « un homme ». Et comme la citation de Badinter est souvent reprise sur Google, l’auteur authentique tend parfois à disparaître du champ public. (C’est une leçon de responsabilité pour nous tous, ceux et celles qui écrivent sur internet.)

2 - Plus embêtant encore, Badinter a cité (de mémoire, je suppose, et on ne peut lui reprocher, sauf volonté de trucage très peu probable de sa part) un texte qui n’est pas authentique (ou peut-être que si !? si voir plus bas). Ce texte est sensiblement modifié. Les "socialistes", notamment apparaissent, alors qu’ils ne sont pas dans la citation originale (attention : version française !? voir aussi plus bas) du pasteur Niemöller. (Ceci dit ici sans aucune volonté polémique : il y a bien eu des socialistes ou sociaux-démocrates allemands pourchassés et exilés par le nazisme, ne serait-ce que le futur chancelier Willy Brandt.)

Or c’est l’un des effets pervers de Google et d’internet en général, voici que la citation approximative de Badinter tend à être recopiée en boucle, et citée de bonne foi comme authentique, et non l’originelle (dont soit dit en passant il ne s’agit que d’une version française due à un traducteur anonyme !).

(Internet n’a pas d’ailleurs inventé ce genre de distorsion : On connaît la célèbre citation de Goethe qui préférerait, dit-on, « une injustice à un désordre ». Malheureusement, elle est tellement tirée de son contexte qu’elle veut dire le contraire de ce que pensait Goethe au moment précis : Préférant généreusement protéger un jacobin français isolé poursuivi par la foule allemande, plutôt que de condamner sans preuve un français peut-être innocent de tout esprit conquérant !!!)

Voici pour mémoire trois versions françaises authentiques de Martin Niemöller (jusqu’à contre-ordre, restons prudent, trouvées ce soir sur internet), suivies de la "version Badinter".

Notons que la forme de ce texte semble être celle d’un poème (ou même d’un psaume ?).

Pour finir cette petite enquête, je me suis dit que ça valait le coup d’aller chercher la version originale en allemand (puisque bien que ne parlant malheureusement pas cette langue, je saurais bien reconnaître les mots : « Kommunisten » « Sozialdemokraten » et « Juden ».)

Or, surprise, on tombe tout de suite sur un site donnant plusieurs versions différentes de Niemöller (y compris en traduction anglaise), dont la première conserve la référence aux sociaux-démocrates. De quoi rester modeste ! A vous de juger. (Je donne bien entendu la référence de ce site allemand).

amicalement,
Luc Douillard
8 et 9 février 2006

3 versions françaises courantes
(texte presque identique, parfois résumé, typographie variable) :

a/ On ne peut s’empêcher de reprendre le mot attribué au pasteur Niemöller, qui fut l’une des figures de cette résistance : " Quand ils ont arrêté les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; quand ils ont arrêté les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste ; quand ils ont arrêté les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif ; quand ils sont venus m’arrêter, il n’y avait plus personne pour protester "

b/ Dans la série "Relisons nos classiques", ce texte de Martin Niemöller, ce pasteur protestant, arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen puis transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau, où il écrivit ces lignes que vous devez connaître...
« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour protester. »

c/ Quand on a arrêté les communistes, je n’étais pas communiste, je n’ai rien dit ;
Quand on a arrêté les socialistes, je n’étais pas socialiste, je n’ai rien dit ;
Quand on a arrêté les Juifs, je n’étais pas Juif, je n’ai rien dit ;
Quand on est venu m’arrêter, il n’y avait plus personne pour protester.
[ Pasteur Niemöller ]

« Version Badinter »

http://www.espiegle.org/agence/actu/badinter.htm
(et autres sites)

Robert Badinter : Les Droits de l’homme d’abord ça se défend pour les autres. Voici une histoire. Un homme raconte : "Les policiers nazis ont d’abord arrêté les communistes. Comme je n’étais pas communiste, je n’ai rien fait. Puis ils ont arrêté les socialistes. Je n’étais pas socialiste alors je n’ai pas bougé. Puis les syndicalistes. Je n’étais pas syndicaliste. Ensuite les Juifs, je n’étais pas juif et puis les protestants, je n’étais pas protestant, je n’ai toujours rien fait. Enfin, un jour, ils ont frappé à ma porte. J’ai cherché autour de moi de l’aide mais j’étais tout seul."

Site allemand

(avec variantes et une version anglaise)

http://class.georgiasouthern.edu/german/texte/niemoell.htm

MARTIN NIEMÖLLER
Als die Nazis die Kommunisten holten,
habe ich geschwiegen ;
ich war ja kein Kommunist.
Als sie die Sozialdemokraten einsperrten,
habe ich geschwiegen ;
ich war ja kein Sozialdemokrat.
Als sie die Gewerkschafter holten,
habe ich nicht protestiert ;
ich war ja kein Gewerkschafter.
Als sie die Juden holten,
habe ich nicht protestiert ;
ich war ja kein Jude.
Als sie mich holten,
gab es keinen mehr, der protestierte.

Soweit das mit einiger Sicherheit festzustellen ist, scheint die obige Version einigermaßen dem Original zu entsprechen. Es gibt jedoch andere Versionen, sowohl was den Wortlaut als auch die genannten Gruppen (und ebenso die Darstellung) anbelangt. Eine Auswahl folgt.
Als die Nazis die Kommunisten holten,
habe ich geschwiegen ;
ich war ja kein Kommunist.
Als sie die Sozialdemokraten einsperrten,
habe ich geschwiegen ;
ich war ja kein Sozialist.
Als sie die Katholiken holten,
habe ich nicht protestiert ;
[Var. : habe ich geschwiegen]
ich war ja kein Katholik.
Als sie mich holten, gab es keinen mehr,
der protestieren konnte.
VAR :
"Als die Nazis kamen und die Juden holten, half ich ihnen nicht, denn ich war kein Jude.
Als sie kamen, um die Kommunisten zu holen, half ich ihnen nicht, denn ich war kein Kommunist.
Als sie die Gewerkschafter holten, half ich ihnen nicht, denn ich war kein Gewerkschafter.
Als sie kamen, um mich zu holen, gab es niemanden mehr, der mir helfen konnte"
VAR :
Als sie die Kommunisten verhafteten, habe ich geschwiegen. Ich war ja kein Kommunist.
Als sie die Gewerkschaftler holten, habe ich nicht protestiert. Ich war ja kein Gewerkschaftler.
Als ich an der Reihe war, gab es keinen mehr, der protestieren konnte."

Versionen & Englische Übersetzungen
Im Englischen gibt es folglich ebenfalls diverse Varianten dieses Statements ; einige folgen hier. Da es sich hierbei um Übersetzungen bzw. Rekonstruktionen handelt, sind sie mit Vorsicht zu genießen. (Z.B. "Industrialists" von Hitler angegriffen ?).
Laut Harry W. Mazal ist der exakte Wortlaut (gedruckt im Congressional Record, 14. October 1968, Seite 31636) :
When Hitler attacked the Jews I was not a Jew, therefore I was not concerned. And when Hitler attacked the Catholics, I was not a Catholic, and therefore, I was not concerned. And when Hitler attacked the unions and the industrialists, I was not a member of the unions and I was not concerned. Then Hitler attacked me and the Protestant church and there was nobody left to be concerned.
Vergleiche dazu (beide Englisch) : Franklin H. Littell, "First they came for the Jews" oder "The Failure to Speak Up Against the Nazis".

First they came for the Jews
and I did not speak out [up] because I was not a Jew.
Then they came for the communists
and I did not speak out [up] because I was not a communist.
Then they came for the trade unionists
and I did not speak out [up] because I was not a trade unionist.
[Var : Then they came for the Catholics,
and I didn’t speak up because I was a Protestant/not a Catholic.]
Then they came for me
and by then [that time] there was no one left to speak out [up] [for me].
Var start :
In Germany they first came for the Communists, ...
(then Jews, trade unionists, catholics).
Zusätzliche Angaben (Englisch) :
Who Was Martin Niemöller ?
Martin Niemöller : The Resistance (1892-1984)

Par Niemöller Martin

Publié le mercredi 20 décembre 2023

Mis à jour le mercredi 20 décembre 2023