Récemment, la situation de la Grèce et de l’Irlande ont retenu notre attention et fait grandir nos inquiétudes. La crise financière et économique n’en finit pas. Désormais, les citoyens impuissants et les marchés apparemment tous puissants attendent les prochaines victimes.

Comme des animaux destinés à l’abattoir, nous attendons notre tour. Sans réagir, ou si peu, et la plupart des cas dans le cadre du système dominant. Pire, nous ne voulons pas voir que cette crise n’est qu’une cerise sur un gâteau empoisonné. Elle n’est que la partie sur laquelle on se polarise, ignorant - ou presque - une crise bien plus profonde, voire une décomposition.

 1. Un état des lieux alarmant

Pourtant l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) vient de reconnaître l’existence du pic pétrolier, après des années de déni (voir graphique ci-dessous).

Pourtant les Etats se sont une nouvelle fois penchés, et sans grande conviction par rapport aux risques encourus, sur les changements climatiques à Cancùn. Pourtant l’annonce que le budget écologique de la Terre était épuisé dès le 21 août pour l’année 2010 a fait la une de grands médias [1].

Et la situation relative aux minerais rares nécessaires à la « croissance verte » n’est pas plus encourageante.
Malgré l’enlisement de notre civilisation, le seul discours audible concerne une reprise économique.

Nos élites, ou supposées telles, ne sont manifestement pas prêtes à prendre les mesures qui s’imposeraient. Et ce déni dure depuis si longtemps que les peuples ne sont pas, non plus, disposés à les accepter, surtout dans un monde où les inégalités se creusent toujours davantage.

Il suffit de parcourir les programmes politiques pour constater que les solutions les plus adaptées ne viendront pas des partis. Les partis de gouvernement croient au mieux à une régulation des marchés.

Même les partis écologistes, devenus des acteurs majeurs de la société du spectacle, ont renoncé à toute réflexion profonde.

 2. Protection et proximité

Des chercheurs tels Emmanuel Todd, Frédéric Lordon ou Jacques Sapir, adeptes d’un protectionnisme européen, ou encore Régis Debray faisant l’éloge des frontières [2], ont bien du mal à se faire entendre dans un tumulte où ceux qui parlent le plus fort sont ceux qui n’ont rien à nous dire.

Les mouvements alternatifs, en particulier ceux engagés dans le mouvement des villes en transition, semblent avoir pris la mesure de ce qui se passe et estiment que les populations vont devoir se protéger localement des méfaits de la globalisation et qu’elles ne pourront pas compter sur les pouvoirs en place pour le faire. Les frontières ouvertes à la suite du triomphe de l’idéologie du marché libre et non faussé ne sont d’aucune efficacité face à la déferlante.
Quand on ne participe pas au pouvoir à un niveau élevé, ce qui est le cas de la très grande majorité des citoyens, c’est à l’endroit où l’on a une capacité d’agir que l’on peut espérer exercer une influence quelconque. C’est à dire localement. Ces derniers temps, la proximité fait d’ailleurs une irruption remarquée dans la société française [3].

Pendant plusieurs décennies, la mondialisation s’est imposée comme le moteur principal de la croissance. Aujourd’hui les valeurs liées à la proximité reviennent sur le devant de la scène. Face aux défis que constituent la lutte contre le chômage, l’ampleur des évolutions démographiques et des changements comportementaux des consommateurs, la préservation de l’environnement, l’idée se fait jour peu à peu que l’économie de proximité peut contribuer à atténuer les soubresauts de la
vie économique. Dans un contexte de crise mondiale, elle apparaît comme plus compréhensible et plus humaine, en un mot accessible.

Les auteurs du rapport raisonnent encore en terme de développement durable, de compétitivité et de concurrence entre les territoires. Ils estiment toutefois que vraisemblablement, nos comportements et nos mobilités seront très contraints dans l’avenir et que tant que nous ne disposerons pas d’énergies de substitution produites massivement [4], l’économie « près de chez soi » aura de beaux jours devant elle. Néanmoins, le phénomène du pic pétrolier et ses conséquences profondes ne sont pas abordés de front contrairement à ce qui se passe dans le mouvement Transition qui retient des
scénarios de pic énergétique pour élaborer des stratégies.

Notons que ce rapport, malgré ses limites intrinsèques, constitue un apport très appréciable. On peut y lire (page 16) qu’en soi, l’espace n’est pas générateur de coordination. La proximité géographique n’est pas suffisante pour garantir l’efficacité économique. Elle est un potentiel qui doit être activé par deux autres formes de proximité : d’une part, la proximité de coordination fondée sur les échanges et l’existence de réseaux de relations de différentes natures, associative,
professionnelle, politique... et qui peut très bien intervenir en dehors de la proximité géographique, dans des relations de travail à distance par exemple ; d’autre part, la proximité institutionnelle qui fait référence à des liens identitaires ; on se sent appartenir au même territoire ou à une même entité, et cette appartenance détermine une communauté de comportements qui fait que l’on « se
reconnaît ». Le facteur clé de succès d’un territoire repose ainsi sur l’intersection entre ces trois types de proximité : il existe une donnée géographique de base qui permet de la coordination, laquelle ne sera efficace que grâce à des référents communs. Au-delà de l’implication des acteurs, le rôle de la puissance publique est alors fondamental pour favoriser ces synergies.

Plus loin (page 18), les auteurs insistent sur la coopération entre les acteurs et la nécessité de créer des synergies locales : On peut estimer que l’ensemble des acteurs de l’économie de proximité gagnerait à se coordonner pour jouer d’effets de synergie et de complémentarité. Il est ainsi nécessaire de bâtir des conventions solides entre les producteurs et les distributeurs, à l’intérieur de chaque territoire, parce que les agriculteurs et les éleveurs ont besoin des distributeurs et parce
que les commerçants ont besoin des agriculteurs et des éleveurs. Ces partenariats entre producteurs et transformateurs devraient viser une stratégie « gagnant-gagnant » de valorisation des produits ; ils devraient également permettre de coordonner des programmes de recherche collective pour une meilleure connaissance des produits à la commercialisation de détail, et ce dans l’intérêt même des consommateurs
.

Ils insistent (page 21) sur l’identité locale : l’entreprise s’appuie et valorise en même temps l’identité locale, en réunissant des personnes partageant un
espace commun dans lequel ils peuvent se reconnaître et précisent
(page 34) que pour éviter un appauvrissement des identités culturelles, il importe, à l’échelle d’un territoire donné, de recomposer sans cesse les différences culturelles à partir d’ancrages forts ou de supports d’identité dont l’économie de proximité, avec d’autres composantes de la société, est porteuse.

Un autre aspect du rapport est particulièrement intéressant. Il se fonde notamment sur les travaux de Jean Gadrey qui ont mis en évidence le fait que le PIB par habitant et la satisfaction des personnes n’étaient pas étroitement liés : L’équipe de l’économiste Jean Gadrey travaille depuis une dizaine d’années pour établir des indicateurs de santé sociale : revenus, taux de chômage, nombre de
journées de grève, qualité de vie, échec scolaire... Leur classement des régions françaises est intéressant. La région limousine est dix-neuvième pour le PIB par habitant, donc au bord de l’autoroute de la croissance, très largement en panne ; pourtant, c’est la première pour l’indicateur de santé sociale. À l’inverse, l’Île-de-France est la première pour le PIB par habitant, mais elle est quinzième pour la santé sociale. On constate à travers ces données une opposition croissante entre
phénomènes de croissance et phénomènes de développement sur les territoires. Et on peut penser que la convergence entre la vitalité d’une économie de proximité présentielle forte et une bonne santé sociale des territoires ne doit rien au hasard : l’économie de proximité intervient comme un opérateur de qualité de vie, un facteur de bien-être qui « adoucissent » la vie des Français
(page 125).

Cet aspect est déterminant car il rompt avec le dogme qui veut que la croissance du PIB soit forcement positive pour les gens. Il semble utile de mentionner ici les performances de la Région Centre dans ces domaines. Notre région est bien placée si l’on considère le revenu disponible brut par habitant puisqu’elle occupe la quatrième place du classement des régions française de la métropole. Mais si l’on retient le critère de l’indice de santé sociale (ISS), elle glisse à la treizième
place [5] (sur 22 régions). Bien entendu, au sein même de la région, des disparités importantes
existent.

L’est du Loiret, par exemple, est un espace géographique particulièrement défavorisé.
Les élus qui croient lutter contre le chômage en créant des zones industrielles destinées à accueillir des entreprises extérieures au territoire sont mis en cause (pages 130 et 131) : On constate trop souvent que la préoccupation principale des élus locaux et territoriaux est de faire venir sur le territoire dont ils ont la responsabilité des multinationales ou des filiales de multinationales. Les
subventions publiques allouées à l’installation de telle ou telle entreprise, avec des aides conséquentes sur le foncier ou sur les prélèvements, sont proportionnelles à l’envie de créer de nouveaux bassins d’emploi, de préférence industriels. Si le souci de la réduction du chômage est évidemment positif, il ne tient pas compte, en l’espèce, du potentiel de l’économie de proximité à créer des emplois. Il y a là une erreur préjudiciable sur la nature même du développement local.
Ce dernier se définit comme la co-construction de l’entreprise et du territoire. Ces deux partenaires se nourrissent en effet l’un l’autre de leurs apports mutuels, et ce par le biais d’un apprentissage collectif fondé sur la coproduction de ressources. En d’autres termes, le territoire fournit à l’entreprise un sol, un terroir, des richesses naturelles, des infrastructures, une communauté humaine, une force de travail, un cadre de vie, etc. De son côté, l’entreprise offre au territoire de l’activité, de l’aménagement, des ressources financières, de l’emploi, de la consommation, etc.
Cela veut dire que le développement local, lorsqu’il est couronné de succès, est un cercle vertueux qui s’auto-alimente. C’est pourquoi l’interaction entreprise-territoire est le ferment du bien-être collectif. C’est pourquoi également, comme disent les géographes, le territoire est un « construit » et non un simple réceptacle d’activités économiques. Beaucoup d’élus territoriaux n’ont pas pris la
mesure de cette co-construction, et se livrent plutôt une sorte de « guerre de l’attractivité » qui produit des effets délétères (...) L’action publique focalise son action sur la proximité géographique entre les entreprises. La raison en est évidente : l’action paraît ainsi visible car immédiatement inscrite dans l’espace. Il est plus facile de déterminer un lieu et d’y installer des entreprises que de
construire un projet patient et de long terme avec des partenaires multiples.

 3. A la recherche de la résilience

Mais revenons à l’exemple du Limousin cité plus haut. Mal placée du point de vue des performances économiques, cette région se situe en tête si l’on se réfère aux critères sociaux. Si ce classement brise un dogme, il ne nous renseigne pas sur sa capacité de résilience. On peut même avoir certaines craintes à ce niveau puisque son taux d’indépendance alimentaire est de l’ordre de 10% [6] seulement.

C’est pourtant en terme de résilience qu’il nous faut maintenant raisonner. Mais qu’est-ce que larésilience au juste ?

Les auteurs du livre blanc sur la crise bancaire systémique [7] expliquent de façon claire, ce qu’est la
résilience et plus exactement le fonctionnement optimum d’un système complexe :
Des décennies d’étude d’écosystèmes naturels, en particulier, ont conduit à une compréhension mathématique très sophistiquée de la manière dont une structure de réseau affecte la viabilité à long terme d’un système, grâce à un équilibre entre son efficacité et sa résilience. Ces variables ont été définies plus formellement comme suit :

1) L’efficacité se réfère a la capacité d’un système de traiter des volumes appropriés de matière, d’énergie et/ou d’information. Elle mesure la capacité d’un réseau de fonctionner d’une manière suffisamment organisée et efficace pour maintenir son intégrité dans le temps

2) La résilience donne une idée de la capacité d’un système de se survivre à une perturbation. Elle mesure une réserve du réseau dans la diversité des actions disponibles pour être utilisées pour faire face aux exigences de nouvelles perturbations, et les innovation utiles pour son évolution.

En général la résilience d’un système est améliorée par une plus grande diversité et par un plus grand nombre de connections parce que plus de canaux alternatifs sont disponibles en cas de problème ou de changement. L’efficacité, d’autre part, augmente par la rationalisation, ce qui généralement se traduit par une réduction de la diversité et de la connectivité.
Le point principal est que la nature ne choisit pas un maximum d’efficacité, mais un équilibre optimal entre les deux pôles opposés d’efficacité et de résilience. Comme tous deux sont indispensables pour la durabilité à long - terme, les systèmes de flux les plus sains sont ceux qui maintiennent une équilibre optimal entre ces forces opposées. Inversement, quand on a mis trop l’accent sur l’un des deux pôles mène à une instabilité systémique. Trop d’efficacité mène à de la fragilité ; et trop de résilience mène à la stagnation. La première est causée par trop peu de diversité et de connectivité ; et la seconde par trop de diversité et de connectivité. La durabilité d’un système de flux complexe peut pour cela être mesuré en fonction de la proximité de l’équilibre optimal entre l’efficacité et la résilience de son réseau.

Notre incapacité à faire face à des crises de plus en plus rapprochées, profondes et de natures différentes provient pour une large part du fait que le système économique actuel, le capitalisme, recherche l’efficience maximale. Or, un système équilibré doit être plus proche de la résilience que de l’efficacité (voir graphique ci-dessus).
La guerre de l’attractivité à laquelle se livre bon nombre d’élus locaux veut également aller dans le sens de l’efficacité, alors que le rôle des élus de proximité
devrait être de favoriser la résilience.

Les indicateurs de résilience pourraient ressembler à ce qui suit [8]
 :
– le pourcentage de nourriture produite localement,
– le pourcentage de monnaie locale en circulation sur le total de la monnaie en
circulation,
– le nombre d’entreprises appartenant à des propriétaires locaux,
– le trajet moyen domicile-travail des personnes travaillant dans la ville,
– le trajet moyen domicile-travail des personnes habitant la ville mais travaillant ailleurs,
– le pourcentage d’énergie produite localement,
– le nombre de bâtiments construits en matières renouvelables,
– la proportion de produits de base fabriqués au sein de la commune dans un rayon
d’action donné,
– la proportion de déchets compostables effectivement compostés.

On pourrait mesurer la résilience d’un territoire en évaluant sa capacité à satisfaire les besoins de sa population au moyen d’une majorité de ressources locales et renouvelables. Ces ressources n’étant pas seulement naturelles, mais également sociales et humaines.

Les idée de transition et de résilience font - trop - doucement leur chemin. A ce propos, le territoire de Fontainebleau a récemment fait l’objet d’une étude post-carbone bien documentée [9].

Si le constat et les hypothèses de travail sont complets, les propositions manquent d’audace et d’originalité.
Comme souvent, les auteurs imaginent le futur en fonction des structures économiques actuelles.
Ils donnent l’impression que dans la société post-carbone, les gens vivront de la même manière avec moins de gaspillage. C’est ignorer que le carbone n’est pas notre seul problème ; par exemple, l’avenir des métaux qui surgit ces derniers jours en est un autre [10].

L’idée d’un avenir linéaire (même sur une pente descendante) les empêche de penser un terme de ruptures.

 4. Adapter l’économie aux besoins

L’adaptation aux besoins de l’économie l’emporte sur une stratégie visant à satisfaire le bien-être de la population. Nous estimons au contraire que la refonte de l’économie locale doit s’effectuer en fonction des besoins et non sur des critères exclusivement économiques [11]
.

En ce sens, la critique adressée il y a bien longtemps par François Partant aux développeurs se révèle pertinente quand on la renvoie aux auteurs du rapport bellifontain : L’erreur du planificateur est d’imaginer l’avenir à partir de ce qui existe, au lieu de le faire en fonction du but poursuivi (...) De l’inventaire des
besoins, découle celui des activités à promouvoir, à développer ou à réorienter [12].

Les problèmes sociaux posés par la société post-carbone (écarts de revenus, refonte des catégories socio-professionnelles, propriété foncière...) ne sont pas évoqués dans l’étude alors qu’il semble évident que la période de sevrage des consommateurs portent en elle un potentiel de graves troubles sociaux. Nous aurions tort de croire que la descente sera douce surtout en l’absence d’une justice
sociale démontrant que les efforts sont partagés par tous.

D’autre part, l’étude bellifontaine recommande (p. 52) de mettre en place une structure de pilotage pour ces projets, qui assurera la coordination de la maîtrise d’ouvrage et la promotion de la stratégie à l’échelle locale et auprès des parties-prenantes des projets (institutionnels, grands groupes, entrepreneurs...).

Cette structure de pilotage lèvera des fonds privés et portera des dossiers de
financement nationaux (FUI, FSI, Grand Emprunt, Pôles de compétitivité...), et européens.
Pôle ce compétitivité, grands groupe : les sociétés transnationales ont elles donc vocation à œuvrer pour notre bien ?
Après avoir dévasté la planète et profité du capitalisme vert, seront-elles aussi en
charge de veiller à notre bien être, à notre sécurité et, pourquoi pas, à notre autonomie ?
L’aspect politique, et en particulier l’organisation de la démocratie, est passé sous silence dans l’étude alors que la Transition ne pourra réussir que grâce à un modèle démocratique exemplaire. Le rôle de l’Etat, qui consiste essentiellement à favoriser la croissance et à maintenir l’ordre [13], et des collectivités locales, ainsi que leur fonctionnement, devront être revus de fond en comble. Les enseignements de Pierre Leroux pourront, de ce point de vue, se montrer fort utiles [14].

Un eco-socialisme associatif, décentralisé, démocratique et auto-gestionnaire fait figure ici de piste particulièrement prometteuse.

 5. La proximité, enjeu crucial

N’en doutons pas, la proximité va devenir un créneau. Pour empêcher le capitalisme corporatiste [15] de mettre la main dessus, les citoyens doivent collectivement s’en emparer et s’organiser.

A défaut, le risque de voir les économies locales sous la coupe conjuguée des grands groupes et de potentats locaux est grand. Les sociétés transnationales se sont déjà emparées des énergies (plus ou moins) renouvelables et du « commerce équitable », elles ne manqueront pas, si nous n’anticipons pas, de faire de même avec l’économie de proximité grâce à leurs capitaux et leur capacité d’organisation.

Nous devons mettre sur pied des économies locales se servant des outils les plus divers, tels que monnaies complémentaires [16], coopératives ouvrières et/ou municipales, et poursuivant des objectifs
très différents de ceux de l’économie mondialisée.

Une économie moins performante mais beaucoup plus sobre, résiliente et répondant à des besoins vitaux et sociaux bien réels. La formation aux métiers adaptés à la nouvelle économie devra être une priorité.

Bien entendu, les classes les plus favorisées ne ressentent pas encore la nécessité d’orienter leurs enfants vers les filières de métiers à venir ; il faudra donc encourager les enfants les plus défavorisés à le faire.

L’inadéquation entre les formations actuelles et les besoins futurs est telle qu’il faudra rapidement approfondir la réflexion sur ce sujet. On peut également envisager des formations duales où les élèves seraient à la fois formés pour les filières relevant de la fuite en avant (économie d’abondance) et pour des activités à venir (économie de pénurie) afin que chacun soit concerné.

Comme on l’a vu, la proximité devra être plurielle et pas seulement géographique. Elle devra être sociale, car la société à l’épreuve des pics ne pourra tolérer des écarts de condition aussi importants qu’aujourd’hui, et ceci d’autant plus que l’espoir d’un rattrapage via la croissance se sera évanoui.

Elle devra être solidaire, c’est à dire que les rapprochements producteurs-consommateurs observés dans les AMAPP devront se développer et impliquer le rapprochement des producteurs entre eux et avec les institutions locales.

La relocalisation des activités et les enjeux liés à la proximité constituent une chance à saisir, une occasion à ne surtout pas manquer pour ceux qui aspirent à vivre dans une société viable et décente.

Philippe Lalik
06/01/2011


[2« Le prédateur déteste le rempart ; la proie aime bien » écrit Regis Debray dans « Eloge des frontières » p. 76
Concernant les autres auteurs, on pourra consulter le site : http://jaidulouperunepisode.org/Interviews.htm

[3Voir le récent rapport du conseil économique social et environnemental :
http://www.conseil-economique-et-social.fr/rapport/Avis_P_MARTIN.pdf

[4L’espérance dans une énergie de substitution au pétrole, au gaz et au charbon et l’absence d’une réflexion sur la résilience des territoires sont révélatrices du cadre dans lequel intervient cette étude. Les auteurs estiment que l’économie globalisée et l’économie de proximité sont complémentaires et que la grande distribution a un rôle à jouer dans l’économie de proximité.

[5Les régions françaises face à leur santé sociale par Florence Jany-Catrice et Rabih Zotti http://www.adels.org/territoires/SanteRegion.pdf

[6Voir l’article de Christophe Bellec basé sur les travaux d’Emmanuel Bailly : Construire une Ecorégion, ou comment restaurer la souveraineté alimentaire des régions françaises et européennes.
http://yonne.lautre.net/spip.php?article1544

[7Bernard Lietaer, Robert Ulanowicz et Sally Goerner : Livre blanc p. 18-19
http://www.lietaer.com/images/Livre_Blanc_Sur_la_crise_bancaire_syst_mique.pdf

[10Benoit de Guillebon et Philippe Bihoui : Quel futur pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences.
Voir l’article de Philippe Bihoui dans L’Ecologiste n° 33 (hiver 2010) : Métaux : comment éviter la pénurie ?

[11C’est ce que nous avons souhaité exprimé dans un autre texte : « Penser la transition »
http://yonne.lautre.net/spip.php?article4433

[12François Partant : « la guerilla économique »} (p. 125 et 134). Cet ouvrage publié en 1976 n’étant plus disponible, on peut en consulter des extraits ici :
http://www.archipress.org/index.php?option=com_content&task=view&id=175&Itemid=49

[13Les Etats éprouvent de plus en plus de difficultés dans l’accomplissement de ces deux tâches fondamentales.

[14Bruno Viard et Yves Vaillancourt : Pierre Leroux, socialiste associatif http://www.institutpolanyi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=430:pierre-leroux-socialiste-
associatif&catid=42:textes-a-lappui&Itemid=60

[15Expression empruntée à Naomie Klein dans son livre « La stratégie du choc »

[16Pour une monnaie complémentaire dans le Gâtinais http://yonne.lautre.net/spip.php?article4575

Par Lalik Philippe

Le vendredi 15 novembre 2019

Mis à jour le 19 février 2023