Pour toutes les victimes des activités extractives des multinationales.
Les personnes et organisations de la société civile appellent à mettre fin à la violation des droits humains par les multinationales extractives et spécialement par Chevron en Equateur et dans le monde.
ICRA est signataire de l’appel lancé par la UDAPT (Union des victimes des opérations pétrolières par Texaco (maintenant Chevron).
Considérant :
Que le monde a été et est témoin des violations graves des droits humains des populations et des travailleurs par les activités extractives des entreprises multinationales ;
Que souvent, les affecté(e)s sont des populations dans des conditions de vulnérabilité et qu’ainsi les activités extractives augmentent les risques de pauvreté, de maladie et de mort de ces communautés ;
Que les lois nationales sont insuffisantes pour faire face à la structure de l’impunité nationale et internationale tissée en faveur des multinationales extractives et qui permettent la violation des droits ;
Que cette question a fait l’objet d’une analyse approfondie et a abouti à des actions globales contre les activités extractives menées par les sociétés multinationales à travers le monde ; qui, en outre, ont donné lieu à leur tour à des initiatives de la part des organisations internationales à l’échelle mondiale dans le but de démanteler le pouvoir des sociétés multinationales et de les empêcher de continuer à commettre de nouvelles violations des droits humains.
Les soussignés, Prix Nobel de la paix, organisations et personnalités de défense des droits humains, de la nature, des peuples autochtones, des paysans, des travailleurs, nous appelons :
– Les investisseurs des multinationales à exiger la transparence concernant les activités de ces sociétés. Nous vous exhortons à vous opposer aux violations des droits humains et de l’environnement commises par les entreprises où vous déposez votre capital. Ne pas le faire vous rend complices de crimes et d’abus.
– Les gouvernements des pays où ces entreprises extractives opèrent, à les obliger à remplir, de manière ferme et déterminée, toutes les normes techniques et ordres judicaires de chaque pays, ainsi qu’à appliquer les préceptes fondamentaux des droits humains, à respecter les droits des populations sur leurs terres et à protéger les droits des générations futures.
– Les gouvernements où siègent les entreprises extractives, à les obliger à assumer leur responsabilité sociale tant à l’intérieur comme à l’extérieur de leur territoire. Dans le cas contraire, offrir les conditions pour que l’administration de la justice opère librement sans ingérence ni pressions.
– Les organismes internationaux ou régionaux, à assumer leur rôle de protection des populations et des travailleurs affectés par les multinationales extractives, afin de leur garantir le respect de leurs droits et l’accès à une procédure régulière, à la fois dans les Etats membres et à travers les mécanismes internationaux qui visent à démanteler l’impunité dont jouissent ces sociétés.
– Les organisations de la société civile, à rester vigilantes et d’exiger le respect des droits humains des populations vivant où ces entreprises opèrent.
– Les juges, procureurs et avocats à agir de manière à garantir le respect des droits humains et de l’environnement par les multinationales. En cas de dommages, comme c’est le cas de Chevron Corporation en Equateur, il convient de garantir une réparation adéquate.
– Les juges, les procureurs, les avocats, les États, à garantir le droit des personnes affectées, afin d’empêcher les sociétés de criminaliser la protestation et la lutte sociale.
– La communauté internationale à créer des instruments et des instances internationales pour juger les crimes environnementaux afin que les victimes aient accès à la justice sans discrimination, c’est à dire qu’elles puissent bénéficier des mêmes conditions que les corporations.
Etant donné que la demande des 30 000 paysans et des indigènes à l’encontre de Chevron en Equateur constitue un cas emblématique pour les populations sur le plan mondial, nous exprimons notre soutien à la demande de justice pour les victimes et exhortons : Les investisseurs de la société Chevron, à exiger la justice pour les paysans et les peuples indigènes de l’Amazonie équatorienne qui ont démontré la culpabilité de la compagnie après 21 années de litiges. Que cette même compagnie, bien qu’ayant été condamnée à payer le coût des réparations pour les dommages causés, utilise tous les moyens pour ne pas le faire et retarde ad infinitum l’exécution de la sentence de 9,5 milliards de dollars pour la mise en œuvre de la réparation environnementale, alors que pendant ce temps, la contamination continue à générer la mort et la destruction.
Les systèmes de justice dans le monde, en particulier aux États-Unis, à ne pas permettre des actions en justice abusives et dilatoires favorisant la puissance des multinationales, à ne pas tolérer de telles actions pour réduire au silence les victimes, les personnes et les organisations qui les soutiennent, et à respecter la justice des autres pays et le droit des plaignants à une procédure régulière.
Les systèmes de justice des pays dans lesquels se déroulent des procédures d’homologation et d’exécution de la sentence, à agir conformément aux normes juridiques, sans obéir aux pressions exercées à tous les niveaux par Chevron.
Les organisations sociales à travers le monde, à rester attentives à la résolution de ce cas, qui a dévoilé la structure de l’impunité des multinationales leur permettant de violer des droits humains, tout en mettant également en évidence la possibilité pour les populations victimes d’exercer leurs droits face à l’une des plus grande multinationales du monde, ce qui peut représenter un précédent mondial pour les victimes des multinationales qui se battent pour obtenir justice .
De même, étant au fait de la conduite de Chevron dans les pays où elle opère, nous exhortons les gouvernements, les actionnaires de la multinationale, les organisations environnementales et des droits humains, à créer un système d’alerte pour contraindre la multinationale à assumer sa responsabilité sociale et à respecter les règles et les normes qui garantissent le respect des droits humains.
Pour plus d’informations
– ChevronToxico, le site internet lancé par Amazon Watch pour sa campagne Nettoyez l’Equateur, comprend une vidéo (en anglais) dans laquelle des Equatoriens touchés par la population appellent le PDG de Chevron à mettre fin à la pollution dans la région
– Site d’informations sur le cas Chevron
– Site officiel du documentaire "CRUDE. The Real Price of Oil"", réalisé par Joe Berlinger et qui retrace la bataille historique menée contre le géant Chevron pour le mettre face à ses responsabilités en Equateur
– Ikewan n°56, thema : “Amérindiens d’Equateur face au pétrole”