Entretien réalisé par la Rédaction de Yonne Lautre le 28 avril 2014

 Denis Martin, vous avez été durant deux mandats élu écologiste au Conseil Municipal d’Auxerre, mais vous êtes aussi engagé dans des Associations. Pourriez-vous nous présenter Adiamos-89 et ses objectifs ?

ADIAMOS-89 est une association relevant de la loi 1901 qui a été fondée en 2001. Ses objectifs sont de sauvegarder la mémoire des mouvements sociaux dans le département de l’Yonne, d’archiver des documents, d’organiser des colloques, des conférences, des expositions, de publier des articles et des ouvrages historiques.
Depuis 2001, nous avons organisé 13 colloques, 22 conférences, 14 expositions, et publié 15 ouvrages (les deux derniers sont sous presse).
Nous avons archivé des centaines de photos, des chansons, des journaux, des affiches, des tracts, et de très intéressantes archives sonores provenant d’interviews d’anciens résistants et témoins des deux guerres mondiales. Toutes ces archives sont accessibles sur notre site http://adiamos-89.wifeo.com/
Il y a actuellement 190 adhérents.

 Pourquoi un tel engagement de votre part ?

Il y a plusieurs réponses à cette question :
1 - l’Histoire m’a toujours passionné ; dès l’âge de six ans, à l’école élémentaire, je me souviens de l’attente fébrile de la leçon d’Histoire qui se faisait, à l’époque, à partir des grandes images en couleur des tableaux Rossignol. À la rentrée scolaire, le premier livre que je lisais intégralement, le soir même de la distribution des ouvrages scolaires, était le livre d’Histoire. Cette passion ne m’a jamais quitté. Aujourd’hui encore, je ne lis pratiquement que des livres d’Histoire.
2 - À l’âge de 40 ans, j’ai commencé des études universitaires en Histoire. Tout en assurant mon travail d’instituteur, j’ai étudié par correspondance à l’Université de Paris X-Nanterre. En quatre ans, j’ai passé un DEUG, une Licence, une Maîtrise.

3 - En 2001, j’ai eu envie d’organiser un événement autour du thème de la résistance des républicains de l’Yonne au Coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte (thème que j’avais traité pour mon mémoire de Maîtrise). J’ai contacté Michel Cordillot, professeur d’Université et habitant d’Auxerre. Ensemble, nous avons fondé l’association Adiamos-89 pour avoir un support juridique au colloque que nous projetions d’organiser. Cette association devait être éphémère et ne servir qu’une année. Devant le succès du colloque et l’affluence des adhésions, nous avons décidé de poursuivre l’aventure et d’organiser un colloque annuel. Treize ans après, nous sommes toujours là ! Joli cas où la superstructure détermine l’engagement des individus !
4 - L’équipe d’animation d’Adiamos-89 (le bureau) est très motivée et il y règne un excellent climat de camaraderie. C’est une dimension humaine très importante qui permet de travailler dans la confiance et la bonne humeur. L’engagement dans une activité ou un militantisme se nourrit de ces liens sociaux puissants qui unissent un groupe.

 Quels sont les projets actuels d’Adiamos-89 ?

Dans cette année 2014, Adiamos-89 est très investi dans la commémoration du centenaire de la Grande Guerre (1914-1918). Nous avons d’ailleurs obtenu le label de la Mission du Centenaire délivré par l’État pour nos actions.
Nous avons organisé une exposition d’affiches au Théâtre d’Auxerre et une autre exposition à l’Abbaye Saint-Germain sur la Vie quotidienne des Poilus. En partenariat avec le Théâtre, un spectacle "Le Cabaret de la Grande Guerre" de Marc Dugowson a été joué deux fois et a recueilli 800 spectateurs (les expos ont été vues par des centaines de visiteurs dont de nombreux scolaires).
Le grand colloque sur "L’Yonne dans la guerre", présidé par Jean-Jacques Becker, a attiré 250 personnes.
Le colloque était précédé et suivi par trois conférences : "Les Hôpitaux militaires de l’Yonne", "Les Cartes postales patriotiques", "Guerre et religion" (une centaine d’auditeurs à chaque fois).
Nous avons trois publications en cours : "Emile et Léa, lettres d’instituteurs bourguignons pendant la Grande Guerre", "Les Usines Guilliet pendant la Première Guerre mondiale", et les actes du colloque "L’Yonne dans la guerre - 1914-1918".
Nous préparons activement le festival du film 1914/1944 ("D’une guerre l’autre 1914/1944"). Bertrand Tavernier ouvrira le festival le 3 octobre avec "La Vie et rien d’autre" (débat avec B. Tavernier à l’issue du film). Le festival sera clôturé par Edouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. Nous souhaitons associer à ce festival le cinéma CGR, la Ville d’Auxerre, Cinémanie, et l’association Panoramique.

 Voici de beaux projets ! Et Adiamos-89 n’est pas votre seul engagement !

Effectivement, j’ai plusieurs "casquettes à mon arc" comme disait un homme illustre. Je suis le coordinateur du Jour de la Terre qui est une grande fête populaire et associative qui revient chaque premier dimanche de juin depuis 25 ans (cette année, c’est le 1er juin). C’est toujours un grand succès, mais c’est du boulot ! Je suis également le porte-parole départemental d’Europe Écologie - Les Verts. Et je poursuis régulièrement mes recherches historiques (je suis un habitué des Archives départementales).

  Quels sont les buts du Jour de la Terre ?

La fête du Jour de la Terre, fidèle à ses engagements pris il y a 25 ans, a pour objectif d’être la vitrine de ce qui se fait, dans l’Yonne, dans le domaine de la protection de la planète.

Par protection de la planète, nous entendons, bien sûr, la protection de la nature, mais aussi tout ce qui touche à ses habitants humains. C’est pourquoi, sur la fête, à côté des associations qui défendent l’environnement, on trouve des associations qui défendent les droits humains et celles qui prônent la solidarité.
Ce sont les trois piliers du Jour de la Terre : environnement, solidarité, droits humains.

 25 ans est une longévité remarquable ! Pas de lassitude, toujours une belle dynamique ?

Non, pas de lassitude. Cela est dû au succès toujours renouvelé de cette grande fête populaire. Quand ça marche, cela motive ! Et puis, il y a l’attente des associations qui sont heureuses de participer et qu’il ne faut pas décevoir. De plus, l’urgence pour la planète n’a jamais été aussi grande. Cela aussi pousse à agir…

 Quel devrait être le menu de la Fête du dimanche 1er juin 2014 ?

La fête se déroulera au parc Paul-Bert, à Auxerre.
La journée commencera par une randonnée "Sur les pas des vignerons d’Auxerre" qui nous mènera jusqu’au Clos de la Chaînette et au coeur du chais (RDV à 9 h au parc Paul-Bert).
L’après-midi se déroulera la fête proprement dite. Il y aura une trentaine de stands d’associations. La partie musicale sera assurée par Accent Jazz. La Ferme de Flo présentera ses animaux. Un spectacle inter-galactique est prévu pour les enfants sous la sphère d’"Invitez les Étoiles", ainsi qu’un jeu inter-stand et des promenades en poneys. La Ville d’Auxerre distribuera gratuitement du terreau et des graines.
On pourra acheter des légumes bio, feuilleter les livres de la librairie Obliques... Le bar fonctionnera et, à midi, on pourra se restaurer sur place.
Dans la Maison des Randonneurs, on pourra voir une exposition de photos intitulée "Brésil(s) Pluriel(s)".
En milieu d’après-midi, sur la pelouse, Drissa Koné, ingénieur agronome malien donnera une conférence sur le thème "Agriculture familiale et auto-suffisance en Afrique de l’Ouest".


Deux livres de Denis Martin

 Mai-juin 1968 dans l’Yonne (Les Cahiers d’Adiamos-89 n° 3)- 20 euros
 L’Yonne sous la Deuxième République (Les Cahiers d’Adiamos-89 n° 7) - 17 euros

ou sur le site, ou directement à :

Adiamos-89
7 rue des Mésanges
89000 Auxerre

Par Martin Denis, Rédaction de Yonne Lautre

Le lundi 4 novembre 2019

Mis à jour le 13 février 2023