Agir pour la Paix 89 : "Guerre à la guerre", Gy l’Evêque 11 novembre 2015 à 14h30 : discours de Michel Villerey

Hier, ... Aujourd’hui...
L’ignominie demeure
Citoyennes, Citoyens , Amis, Camarades,
Je vous apporte le salut fraternel de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale laïque des monuments pacifistes.
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Quelques temps avant son assassinat , Jaurès affirmait : « Nous savons que, dans l’état du monde et de l’Europe, les nations distinctes et autonomes sont la condition de la liberté humaine et du progrès humain.
Tant que le prolétariat international ne sera pas assez organisé pour amener l’Europe à l’état d’unité, l’Europe ne pourrait être unifiée que par une sorte de césarisme monstrueux, par un saint empire capitaliste qui écraserait à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes.
Nous ne voulons pas d’une domesticité internationale, nous voulons l’Internationale de la liberté, de la justice et du droit ouvrier. »
Le 31 juillet 1914 , Jaurès , premier fusillé pour l’exemple, était assassiné.
La grande boucherie pouvait commencer pour tenter d’imposer cette « sorte de césarisme monstrueux », « ce saint empire capitaliste ».
On connaît le bilan de cette tentative. Il fut effroyable... Il sera suivi par d’autres :
Sur l’ensemble des champs de bataille, prétendument appelés, aujourd’hui encore, « champ d’honneur », 70 millions d’hommes furent mobilisés , 10 millions de soldats furent tués , 9 millions de civils assassinés.
La saignée fut telle que la France perdit un quart de ses hommes âgés de 18 à 24 ans : 1 400 000 soldats furent tués, 4 300 000 furent blessés et 300 000 civils périrent.

Migrants d’hier et d’aujourd’hui
Hier, pour faire face à cette hémorragie, les pays belligérants et d’abord la France enrôlaient, de gré ou de force, des milliers d’hommes des peuples « colonisés » : chinois, indochinois, marocains, tunisiens, algériens, malgaches et d’autres encore furent littéralement déportés de leurs pays d’origine pour servir de chair à canons pendant toute la durée du conflit.
Ces hommes furent aussi utilisés pour travailler, à l’arrière, dans les usines.
Mais, ils leur étaient interdit de fréquenter les autres travailleurs, car le Service des travailleurs coloniaux du Ministère de la guerre craignait , et je cite , « qu’ils ne prennent goût aux boissons fortes et aux femmes blanches et ne découvrent les grèves et les syndicats ».
C’est connu , « les prolétaires n’ont pas de patrie... » et les travailleurs colonisés firent des grèves, découvrirent les syndicats . Et connurent, peut-être, des femmes blanches ...
Dans le même, ils glanèrent des idées dites subversives qui les aidèrent, quelques décennies plus tard, à gagner leur liberté et leur indépendance.
Aujourd’hui, de Lampedusa à la Manche en passant par la Mer Egée, par monts et par vaux, des hommes, des femmes, des enfants tentent de se réfugier en Europe pour échapper à la misère ou au carnage qui sévissent dans leur pays. Des milliers en sont morts. D’autres plus chanceux ont, peut-être, rejoint quelques ghettos, quelques bidonvilles ou la jungle de Calais ...

Amis et Camarades,
Pour les « politiquement corrects » et les biens pensants, il est, à coup sûr, déplacé d’affirmer que cette misère, cette violence, ces carnages que les « migrants » fuient ne sont rien d’autres que le résultat du pillage systématique de ces pays par les puissances colonisatrices dont la France relayées ensuite par les grandes puissances dans le cadre du nouvel ordre mondial de Bush. Ordre qui n’a rien de nouveau et qui demeure le capitalisme.
Face à cette nouvelle invasion, partout, se dressent murs, barbelés... et autre tunnel sous la Manche...
Plus graves encore sont ces discours, ces déclarations, suavement hypocrites ou directement nauséabonds sans cesse déversés contre ce que d’aucuns nomment déjà des hordes dans lesquelles pourraient bien s’infiltrer quelques terroristes... Islamistes , bien sûr, radicalisés.
Ainsi, Médias, politiciens de toutes sortes, mêmes des pseudo-intellectuels commentent, amplifient la moindre rumeur , le moindre fait et, ainsi, instillent la peur : la peur de ceux-ci, la peur de ceux-là ...
Bref, la peur de l’autre , la peur des autres !
Plus d’un siècle après son assassinat, Jaurès continue à avoir raison : le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.

Et aujourd’hui encore, cette ignominie demeure.
En 1867, au soir de la bataille de Mentana, l’Etat Major français se congratulait car « les fusils Chassepots avaient fait merveille »,
Aujourd’hui, ce sont le Président de la République, son Premier Ministre, le ministre des armées, qui se félicitent des prodiges, tout azimut, de nos « Mistral » contre les terroristes de toute obédience ...
Après les exploits du sabre... parlons de ceux du goupillon ...
Il est devenu parfaitement ordinaire, voire, semble-t-il, normal, que les élus de la République fréquentent chapelles, mosquées, synagogues et autres cathédrales.
Ainsi, en octobre dernier, clôturant les « Assises du Christianisme » sous les voutes de la cathédrale de Strasbourg, , le ministre de l’intérieur, Bernard Caseneuve a vanté « la culture chrétienne de la France » et s’est félicité, en terre concordataire, de la tradition alsacienne du dialogue inter-religieux qui « favorise la concorde et la paix civile ».
En un mot, vive le Concordat d’Alsace-Moselle et vive sa généralisation à la France entière !!!
Déjà, en avril, à Villejuif, condamnant un projet d’attentat contre des églises, le premier ministre, Manuel Valls, dans une envolée lyrique dont il a le secret, avait déclaré : "Vouloir s’en prendre à une église, c’est s’en prendre à un symbole de la France. C’est l’essence même de la France qu’on a voulu viser, comme les synagogues, les mosquées, les cimetières.
Pour nous libres penseurs, pour les laïques, l’essence de la France, c’est avant tout la Révolution française, la République, la démocratie, la laïcité , la loi de Séparation des églises et de l’État et son article 2 qui stipule : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
De cela, semble-t-il, le premier ministre, le ministre de l’intérieur, dans toute leur génuflexion permanente devant les autels, n’en ont cure !
Aussi, à l’occasion du 110è anniversaire de la loi de Séparation, la Libre Pensée a pris l’initiative de leur le rappeler en organisant
UNE MANIFESTATION NATIONALE LAÏQUE
le samedi 5 décembre 2015 à 15h, place de la République à Paris.
Halte aux 10 milliards d’euros de fonds publics
détournés en faveur à l’enseignement confessionnel.
2Fonds publics exclusivement pour l’Ecole publique
Abrogation de la loi Debré et de toutes les lois anti-laïques
Nous serons, toutes et tous à Paris le 5 décembre
Ami(e)s et camarades...
La situation politique est désastreuse, le climat social délétère et l’ambiance générale morose.
De graves menaces planent sur les acquis ouvriers et républicains qui nous semblaient définitifs et inexpugnables...
« Oui mais !
ça branle dans le manche ,
les mauvais jours finiront ...
Et gare à la revanche,
Quand tous les pauvres s’y mettront... »
Guerre à la guerre !
A bas la calotte et vive la Sociale !
11 novembre 2015