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Psychiatrie publique & Lois sécuritaires Brèves communiqué de presse à propos du « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge »

19 juin 2010, 12:46, par Administrateurs du site

communiqué de presse à propos du « Projet de loi relatif aux droits et à la protection
des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge »

Psychiatrie : Un projet de loi inacceptable

Notre prise de position se situe à l !envers du projet gouvernemental ici
dénoncé. Nous pensons qu !il faut un processus d !évolution de la psychiatrie
quand elle s !emploie à défendre et accroître la justice sociale dans le soin,
quand elle cherche à augmenter les possibilités de liberté dans chaque
situation de soin, quand elle considère toujours tout être humain en souffrance
psychique en qualité de sujet, de personne et de citoyen, pris dans un
environnement social et existentiel, quand elle garantit un accompagnement
des professionnels garants de ce qui précéde.

Quels que soient les atours dont la ministre de la santé veut l !habiller, le projet
actuel est à l !opposé d !une telle orientation. Il ne fait qu !appliquer les discours
sécuritaires du président de la république dans ce domaine.

Nous sommes plus que jamais dans l !ordre gestionnaire et administratif, où le
préventif n !est que prédictif, où le soin n !est que contrainte, où la « personne
présentant des troubles mentaux » n !est que dangerosité à neutraliser. Toutes
les mesures prises depuis décembre 2008 le confirment. Dans ce contexte,
comment comprendre autrement la rétention de 72 heures que comme une
« garde à vue » psychiatrique, et les développements des « soins sans
consentement » comme participant de la société de surveillance et du nouveau
management scientiste promouvant l !homme économique.

Cela ne peut avoir échappé aux organisations professionnelles et aux
associations d !usagers et des familles dont la ministre de la santé affiche à
longueur d !interviews avoir leur accord. Or, au climat d !insécurité nourrit par
toute occurrence tant auprès de la population que des professionnels, s !adjoint
un évident risque d !effet opposé, soit une plus forte soustraction, voire une
violente opposition, au soin psychiatrique.

Nous ne pouvons donc cautionner de telles « innovations » en trompe l !œil ! A la
place d !une attribution de dangerosité, à la place de la violence du soin intrusif
et contraint, c !est bien d !une disponibilité et d !une obligation à soigner dont il
doit être question dans les attributions effectives de la psychiatrie, ainsi que
d !un engagement de l !État. A l !extensivité du soin sans consentement (qui
pourrait s !étendre jusqu !à la collocation à domicile et l !emploi de la
géolocalisation), il est possible d !opposer une psychiatrie de proximité,
d !accueil, d !écoute, respectueuse de la personne, de sa parole, de sa dignité,
de sa vie privée comme publique, capable de prendre en compte pleinement
besoins et état de nécessité, la personne et son environnement.

Les organisations signataires déclarent qu !elles appellent les parlementaires à
rejeter le « projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant
l !objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge » et
qu !elles organiseront un débat public citoyen pour s !y opposer. Elles se
déclarent prêtes à œuvrer pour le développement d !une politique du soin
psychique respectueuse de la personne et de ses droits fondamentaux, mais
aussi attentive aux demandes de son environnement.
A ce titre, elles affirment
qu !il s !agit de supprimer mesure de sûreté et loi de police actuelles (sous
l !autorité du préfet), pour une loi basée sur la protection de la personne. C !est
dire que toute mesure de contrainte, tout soin sans consentement relève de
l !autorisation préalable d !un juge judiciaire et de son contrôle ensuite. Les
organisations signataires en feront un thème démocratique fort.
Paris, le 16 juin 2010

Premiers signataires :
Advocacy France, CAUPsy, Collectif Non à la Politique de la Peur,
Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique (FASE), Groupe
Information Asiles (GIA), Ligue des Droits de l !Homme, Nouveau Parti
Anticapitaliste, Parti communiste Français, Parti de Gauche, Solidaires,
SUD santé sociaux, Syndicat de la Médecine Générale, Union Syndicale
de la Psychiatrie, Les Verts.

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