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Jean Gadrey, économiste : “Il faut remettre la réduction du temps de travail au cœur du débat public”

5 octobre 2016, 09:30, par pascal

Le revenu de base de ... Picsou

Depuis 1542 et le retour, grâce notamment à Charles Dumoulin, de la mode de l’usure (dont les Romains avaient pourtant appris à se méfier après en avoir fait les frais), Picsou avait pris l’habitude de s’enrichir en prêtant ses deniers, contre bénéfice sonnant, à moins riche que lui. En 1542 toujours avait aussi été décidé de réunir le Concile de Trente (reporté pour agenda politique), lequel condamna fermement cette escroquerie. Mais Picsou ne se sentit en rien concerné par ce Concile religieux et, en développant son réseau bancaire de prêt, il réussit à monopoliser (comme au jeu de Monopoly) progressivement le flux monétaire déversé au fil des siècle.
Durant la seconde moitié du 20ème siècle, le boom de la société de consommation permit à la classe moyenne gonflée par un prolétariat nouvellement embourgeoisé de participer massivement à ce petit jeu et surtout à Picsou d’amasser des sommes colossales, gains dont le moteur était ainsi le crédit à la consommation et à l’entreprenariat.

Mais à la fin, cette source se tarit.
L’avenir du crédit à la consommation s’assombrissait même avec l’ombre de la cybernétisation, destructrice annoncée du prolétariat et de la consommation de masse.
Morosité consumériste, spirale négative du crédit par disparition du salaire garanti, tristesse capitaliste. L’heure était grave.
C’est alors qu’une idée vint rendre le sourire à notre brave Picsou.

Si la disparition du salaire sous CDI garanti par l’employeur venait ruiner la machinerie du crédit à la consommation ... pourquoi ne pas alors le remplacer par une allocation inconditionnelle à vie garantie par l’Etat ? Abracadabra !
La mode du revenu de base (une vieille utopie oubliée) était née.
Il suffisait désormais de faire légaliser cet artifice capitaliste par l’Etat, garant à vie de ce nouveau revenu providentiel, pour relancer le crédit à la consommation et remplir à nouveau les poches de Picsou.

Picsou décida alors de se lancer dans une vaste propagande en faveur du revenu de base afin de sauver le système bancaire ... mais son conseiller en stratégie le stoppa net : non Picsou, l’Etat et les citoyens vont vite flairer l’entourloupe ; s’il devient trop évident que cette astuce t’enrichit, on devinera alors trop facilement qui va y perdre.
Picsou opta alors pour la discrétion et la fondation de faux mouvements citoyens, contrôlés en coulisses par ses sbires, lesquels allaient organiser une propagande tout azimut du revenu de base en le présentant fallacieusement comme la panacée citoyenne à la perte de pouvoir d’achat suite à la cybernétisation. La propagande devait même exagérer l’urgence et les dangers de cette cybernétisation pour forcer les citoyens à foncer tête baissée dans ce piège du revenu de base : le bâton et la carotte.

Voilà pourquoi, alors que le revenu de base constitue une inespérée bouée de sauvetage de la machine du crédit et par conséquent du système bancaire contemporain engouffré dans une morbide spirale négative, vous ne verrez étonnamment aucune publicité officielle de cette idéologie du revenu de base de la part des lobbies bancaires de Picsou.
Les loups de la finance se sont en réalité déguisés en mouvements citoyens pour montrer patte blanche et mieux berner le peuple.

Reste alors à l’investigation citoyenne à creuser un peu le vernis de ces divers mouvements prétendus citoyens pour deviner lesquels cachent en réalité une stratégie capitaliste d’instrumentalisation de cet outil monétaire du revenu de base.
Et lorsque vous trouverez, curieusement égaré dans les coulisses de l’un ou l’autre de ces mouvements, un sbire notoire du système bancaire (transatlantique principalement, comme les affaires de ce cher Picsou), il sera alors fort probable qu’il ne s’agisse point là d’un hasard ... mon cher Lazard !

Bon amusement dans votre recherche. J’ai déjà débunké le MFRB ... et vous ?

La réduction du temps de travail et la monnaie locale (non convertible, c’est important) gérée par des institutions citoyennes (locales ou nationales) strictement indépendantes des lobbies financiers de Picsou constituent des solutions nettement plus citoyennes que le piège capitaliste du revenu de base.
Il existe à n’en pas douter une foule d’autres solutions à portée citoyenne comme les services collectifs gratuits (qui peuvent être développés au gré de l’imagination, par exemple à vocation entrepreneuriale, etc.). Qui cherche trouve.
Le défaut majeur de cette propagande omniprésente du revenu de base réside aussi dans le fait qu’elle pollue le débat citoyen en noyant toute réflexion dans cette pensée unique capitaliste, pensée unique qui a formaté la pensée universitaire et académique de l’ensemble de la culture économique contemporaine ... pensée unique fondamentalement remise en question d’ailleurs par le célèbre ouvrage de Steve Keen (L’imposture économique), ouvrage qui anéantit notamment l’ensemble des outils conceptuels étayant ces diverses théories pseudoscientifiques du revenu de base..

Cordialement,
pascal

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