Prisons dans l’Yonne : Forum des Ateliers de Joux la Ville Mercredi 14 Mai au Théâtre d’Auxerre

Alors que la quasi totalité des prisons mondiales accueillant des longues
peines vont vers la sociabilisation des détenus en facilitant le contact
humain et leur réinsertion, Joux la ville se démarque encore (après le
non respect de la loi sur les fouilles à corps systématiques) en faisant
marche arrière, avec la rupture sociétale annoncée et le renforcement de
l’internement pur et dur des détenus.
J’ai rencontré par hasard Mr Gervais (Directeur du CD de Joux la ville)
qui m’a fait une promotion ostentatoire des futurs nouveaux parloirs du CD
(parloirs individuels), sorte de boite de moins de 3m² où iront
s’entasser famille et enfants pendant le temps du parloir ; soit souvent
plus de 3 heures.
Il a lors de cet entretien informel indique que l’équipe du relais parents/enfants recevra les enfants à tour de rôle, belle affaire, ils ne pourront dès lors plus
jouer avec leurs parents que dans cette boite. Plus de balançoire, ni
d’espace aéré, en tout cas plus d’espace à la lumière du jour. De quoi bien faire comprendre à un enfant ce qu’est la prison et les marquer à vie. Moi qui croyais que le budget était trop serré pour embaucher des surveillants qui se plaignent lors de grèves de leur sous effectif, eh bien il y a encore des fonds pour durcir et déshumaniser le système... A quand les micros et les caméras durant les visites ?
Qu’en est-il aussi de l’accès aux boissons et gâteaux qui conférait à
ces parloirs austères une convivialité éphémère. Il semblerait que la
formalité d’achat devra se faire avant l’entrée dans la box... et que
l’on devra faire la queue avec une vingtaine de famille avant de voir le
détenu, le choix étant la visite ou les friandises et 20 minutes de parloir en moins.
Sans compter le fait d’attendre que tous les détenus soient réintégrés
et fouillés pour que les familles sortent de cette boite !
Cette démarche est à son idée une facilitation de l’intimité des
familles et leur tranquillité, déclaration faite suite à l’opinion
générale des familles (moi et celles que j’ai contactées ne se sont
jamais exprimées sur le sujet). Et depuis quand un parloir se doit-il
d’être intime sous des caméras ? L’intimité d’un parloirs se situe dans
la tête, même si certains trouvaient l’opportunité de faire des enfants
lors de ces visites. Les UVF (Unités de Vie familiales) sont faites pour
cela, non ? Mais à Joux elle n’existent que sur le papier.
Je profite aussi de ce message pour m’élever contre la discrimination de
genre qui sévit à Joux, en effet, les parloirs des femmes sont écourtés
systématiquement de 5 à 15 minutes à chaque mouvement (arrivée et
sortie des familles) les parloirs commençant après l’arrivée des hommes
(5min) et finissant avant leur sortie (10 min). Mine de rien, en
considérant les jours fériés et les doubles parloirs, les 70 parloirs
féminins sont amputés de près de 15 heures annuelles.
Rien de plus normal venant de l’administration et de leurs dignes
représentants.
De Joux la ville qui se transforme petit à petit, ne sortira bientôt que
des détenus dé-sociabilisés avec des tendances récidivantes. D’autant que les formalités liées aux libérations conditionnelles et bracelets électronique ne semblent pas progresser non plus, bien au contraire.
Beaucoup le chuchotent, peu le disent haut de peur des représailles exercées sur leurs conjoins incarcérés ce qui est malheureusement trop fréquent. Tout pendant que les familles resteront muselées par la peur, elles seront otages d’un système anti-démocratique.
Belle avancée sociale...
Philippe M.