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Déclaration issue de la rencontre nationale des collectifs unitaires pour le Non 25 juin 2005 ­ Nanterr

25 juin 2005, 23:11

Déclaration issue de la rencontre nationale des collectifs unitaires pour le
Non

25 juin 2005 ­ Nanterre

Après le 29 mai, on continue !

Le rejet par les citoyennes et les citoyens du projet de Constitution
libérale constitue un événement politique majeur pour l¹Europe entière.
C¹est une première victoire contre l¹Europe libérale et anti-démocratique.
C¹est un vote populaire, antilibéral et européen, qui a mobilisé l¹essentiel
des forces vives du pays. C¹est un vote de gauche, d¹exigence sociale,
démocratique, féministe, écologique, laïque, d¹égalité, de paix et de
solidarité. Le Non de gauche est majoritaire dans le Non. Le Non est
majoritaire à gauche. Le Non de gauche pro-européen fait reculer la droite
extrême. C¹est un vote de rejet des politiques libérales et d¹aspiration à
une autre Europe. Ce vote ouvre de nouvelles perspectives. C¹est un vote
porteur d¹espoir pour une Europe solidaire.

La victoire du Non de gauche est à mettre à l¹actif de toutes les forces qui
y ont contribué. Elle est le fruit de la dynamique unitaire initiée par
l¹Appel des 200 et qui s¹est amplifiée et élargie à d¹autres composantes
progressistes, ainsi qu¹à de nombreux secteurs du mouvement social, tout au
long de la campagne. Elle est le produit d¹une démarche politique et
sociale, liant les exigences et les luttes sociales aux questions politiques
européennes. Elle est le résultat d¹une formidable mobilisation de terrain
et de conviction menées par les centaines de collectifs unitaires qui se
sont constitués, la coordination féministe, les partis, associations et
syndicats partie-prenantes. Le type de campagne que nous avons mené, sur le
contenu du traité, en faisant appel à l¹intelligence des citoyens, tournée
vers les couches populaires et contre la droite a compté. Cette campagne a
fait travailler ensemble des militants d¹organisations politiques,
syndicales, associatives, de sensibilités diverses ; elle a favorisé
l¹implication de dizaines de milliers de citoyennes et de citoyens.

En France, désavoués massivement une nouvelle fois, le Président de la
République et le nouveau gouvernement français n¹en tirent aucune
conséquence quant à leur légitimité. Au contraire, ils montrent leur refus
d¹entendre et de respecter la volonté populaire exprimée dans les urnes.
Au rejet par la majorité du peuple français de cette Constitution libérale,
ils ont répondu par un appel à la poursuite du processus de ratification.
A l¹exigence démocratique, ils répondent par le recours à la procédure des
ordonnances au mépris des attentes de la société, des revendications des
organisations syndicales, et même des procédures de débat parlementaire.
A l¹exigence sociale, ils répondent par une aggravation des politiques
libérales, la poursuite de l¹entreprise de démantèlement social en
s¹attaquant au Code du Travail et aux garanties collectives, l¹accélération
des privatisations, le durcissement répressif et sécuritaire.

En Europe, le Conseil européen a révélé au grand jour les contradictions et
la crise qui taraudent la construction européenne depuis longtemps et qui ne
débouche que sur une pseudo-Europe, qui tourne le dos aux besoins et
aspirations des peuples.
L¹affrontement des " intérêts nationaux " et l¹absence d¹émergence d¹un
intérêt collectif européen montrent les impasses d¹une construction qui
tient les peuples à l¹écart, les met en concurrence et conduit des
politiques libérales de démantèlement social.
Le refus partagé par les gouvernements des principaux pays de l¹Union, de
toute augmentation du budget communautaire, au moment où l¹élargissement à
dix nouveaux membres introduit une profonde fracture économique et sociale
en son sein, interdit toute politique de solidarité ‹ notamment en faveur
des nouveaux membres ‹ et de réduction des inégalités, conduit au dumping
social et fiscal, empêche l¹adhésion des peuples à un projet commun.

Il est urgent de sortir de cette impasse et d¹ouvrir un autre chemin.

Les collectifs unitaires qui, avec toutes les forces qui ont mené campagne,
ont été les artisans de la victoire du Non ont décidé de leur maintien et de
leur élargissement. Leur action va se poursuivre contre les offensives
libérales, qu¹elles soient internationales, européennes ou nationales ; et
pour être une force de proposition pour une Europe alternative..

Nous continuons pour résister et gagner face aux politiques libérales en
Europe et en France

Nous devons agir pour obtenir des mesures immédiates traduisant un
changement de cap : retrait de la directive Bolkestein, des directives de
libéralisation (transports, portuaire, brevetabilité des logiciels, du
vivant, etc) et des textes visant à démanteler les services publics,
adoption d¹une directive limitant effectivement le temps de travail,
politique économique européenne volontariste pour l¹emploi et
l¹environnement, mesures de solidarité et de convergence sociale et fiscale,
remise à plat de la politique agricole commune non soumise aux objectifs
libéraux de l¹OMC, remise en cause des négociations AGCS, révision du statut
et des missions de la Banque Centrale Européenne, remise en cause du Pacte
de stabilité monétaire, appropriation et gestion sociale de l¹eau,
annulation réelle de la dette des pays pauvres, etc. Cela suppose une remise
en cause des Traités antérieurs et des politiques menées.

Nous devons agir contre la privatisation d¹EDF et de GDF, la fermeture des
bureaux de postes, l¹ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, la
transposition des directives de libéralisation des services publics, la
remise en cause des droits des chômeurs, les licenciements collectifs, le
démantèlement du Code du Travail, et les mauvais coups à venir des " 100
jours " du nouveau gouvernement ; pour la création d¹emplois par la
réduction du temps de travail, pour la lutte contre la pauvreté par
l¹augmentation des salaires et des minimas sociaux.

Nous continuons pour débattre et construire des alternatives à ces
politiques en Europe et en France

Nous réaffirmons notre engagement pour la construction d¹une Europe
démocratique et solidaire. Il est urgent de sortir de l¹impasse d¹une simple
zone de libre échange où la concurrence généralisée détruit les solidarités
et d¹emprunter un autre chemin, celui de la démocratie, de la justice
sociale, de la solidarité, de l¹égalité entre les femmes et les hommes, des
droits de la personne, des droits des migrants et demandeurs d¹asile, de la
citoyenneté de résidence, de l¹action pour la paix et contre la
militarisation, de nouveaux rapports solidaires avec les pays pauvres et
pour un nouveau type de développement permettant d¹éradiquer la pauvreté
mondiale et respectueux des équilibres écologiques. Plus largement, nous
devons contribuer à donner de nouveaux fondements politiques et sociaux et à
élaborer une nouvelle charte fondamentale pour l¹Europe.

Nous allons ¦uvrer, avec nos amis et partenaires, à l¹organisation d¹un
vaste débat dans tous les pays pour que les grands enjeux de la politique
européenne deviennent l¹affaire des citoyens. Cette démarche devra
rechercher les articulations et complémentarités avec le processus du Forum
Social Européen et prendre en compte le calendrier des grandes échéances
européennes, voire internationale. Le projet de Constitution européenne est
juridiquement et politiquement mort. Il doit être retiré et une nouvelle
discussion doit s¹ouvrir au grand jour et sous l¹autorité des peuples sur
les politiques économiques et sociales et sur les institutions de l¹Europe.

Les questions européennes sont aujourd¹hui des questions nationales. Les
orientations que mettent en ¦uvre les institutions européennes et les
gouvernements puisent à la même inspiration libérale. Les résistances et les
alternatives ont nécessairement une double dimension européenne et
nationale. Il s¹agit de construire, en lien avec les mobilisations
concrètes, un processus de débat et d¹élaboration d¹ " exigences pour une
autre Europe " et pour des politiques de transformation sociale
progressistes dans notre pays et en Europe.

Nous continuons avec le même esprit de rassemblement, d¹ouverture, de
convergence, de pluralisme et d¹unité que pendant la campagne, avec la
volonté de nous élargir, en respectant les rythmes et les diversités, en
nous adressant à toutes celles et tous ceux qui veulent agir concrètement
contre les directives de libéralisation européennes et leur traduction
nationale, qui veulent bâtir une autre Europe et construire une alternative
aux politiques néo-libérales.

Nous continuons avec la même démarche de fonctionnement qui a fait ses
preuves : autonomie des collectifs, circulation en réseau de l¹information
et des propositions, coordination autour des initiatives et des campagnes,
prise en compte des diversités, fonctionnement au consensus. Il ne faut pas
entrer à marche forcée dans une structuration trop stricte, une délimitation
politique trop précise, une projection prématurée sur de prochaines
échéances électorales, sous peine d¹être contre-productifs par rapport aux
nécessités d¹élargissement, de pluralisme et d¹unité. Nous devons partir des
contenus communs et des accords vérifiés pour construire ensemble. Les
collectifs locaux, leur forme souple et non cartellisée, ont une grande
importance pour cela.

Le collectif d¹initiative national décide de continuer à exister pour
contribuer à construire une alternative antilibérale en Europe et en France.
Il doit garder une fonction souple de circulation de l¹information et de
proposition, mais n¹a pas vocation à " centraliser " ou " diriger ". Un
changement d¹appellation nécessaire pour prendre en compte la nouvelle
situation et son élargissement doit être débattu et sera rendu public à
l¹occasion d¹une conférence de presse de rentrée en septembre.

La réunion nationale des collectifs unitaire du 25 juin à Nanterre propose à
tous les collectifs de débattre et de s¹emparer de ces réflexions et de la
démarche proposée.

Elle appelle :

 à saisir les opportunités de l¹actualité de l¹été pour apparaître
dans des formes originales adaptées à la période.

 à organiser des " initiatives de rentrée " fortes dans toutes les
localités pour relancer dès septembre la dynamique de mobilisation et
répondre aux " 100 jours " de Villepin ; une affiche nationale sera préparée
en ce sens.

 à conduire à tous les niveaux des actions et des campagnes autour
des objectifs élaborés en commun ; en prenant en compte les objectifs
décidés lors de la rencontre européenne du 24 juin à Paris (pétition
européenne, etc).

 à initier de larges débats et confrontations, à organiser des
réunions publiques et des forums de masse, au cours de l¹automne, dans les
localités, départements et régions, pour engager avec tous les citoyens et
toutes les organisations qui le souhaitent, un travail de confrontation
d¹idées et de propositions afin d¹élaborer des " exigences " démocratique et
sociales et des alternatives aux politiques néo-libérales en Europe et en
France, dans la perspective d¹Assises nationales, perspective que nous
mettons en débat.

 à préparer une initiative de mobilisation particulière à l¹occasion
du prochain sommet européen début décembre.

 à actualiser les outils ‹ en particulier internet ‹ pour favoriser
les espaces de débat et d¹échange.

Une nouvelle rencontre nationale, sera proposée avant la fin de l¹année
pour faire le point de la dynamique engagée et les suites à donner.

La victoire nous donne une grande responsabilité ; nous allons relever le
défi en amplifiant en France le processus de réappropriation de la politique
par les citoyennes et les citoyens et en l¹élargissant à l¹Europe.

Nanterre, le 25 juin 2005

La déclaration adoptée par la réunion européenne des 24-25 juin à Paris est
complémentaire de cette déclaration et les initiatives qu¹elle propose sont
prises en compte par la réunion nationale des collectifs.

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