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Contre la destruction de 21.5 ha de terres nourricières à Sens : contre les installations logistiques XXL dans le Sénonais / Participez à l’enquête publique en cours jusqu’au 29 mars 2024

Nous aussi, nous avons nos Grands Projets Inutiles

Communiqué réunion publique du 15/03 contre les installations logistiques XXL dans le Sénonais

« La réunion publique »

Vendredi 15 mars de 18h à 20h30, le collectif « Stop Panhard » réunissant les associations de défense de l’environnement : ADENY, Yonne Nature Environnement, C3V, Le Ruban Vert, des organisations comme la Confédération Paysanne et partis politiques locaux : Sens Ecologie et Solidarité, La France Insoumise, le Parti Communiste Français et les Écologistes organisait une réunion publique d’information sur les installations de plateformes logistiques géantes sur des terres agricoles à haut potentiel à Sens, dans la zone des Vauguillettes.
Nous voulons remercier les 80 personnes présentes, qui ont permis de mettre en lumière à la fois le manque criant d’information sur ce sujet sur notre territoire, et les vives préoccupations que ces projets d’installations logistiques géantes dans le Sénonais suscitent chez les habitants. Nous avons noté la présence de 3 élus de l’agglomération qui ont répondu favorablement à notre invitation et les en remercions bien que nous regrettons qu’ils ne se soient pas exprimés.

« Les plateformes logistiques XXL à Sens en quelques chiffres »

Le projet qui nous préoccupe, « VG4 » porté par le groupe Télamon (ex Panhard) se propose de construire dans la zone des Vauguillettes sur 21,5 hectares de terres agricoles, soit plus de 20 terrains de foot. Un bâtiment de 10 hectares (750m de long x 133m de large et 14,5m de haut !) entouré de parkings, apportant un trafic routier quotidien supplémentaire généré de 800 poids lourds et 1580 véhicules légers.

Avec les deux autres projets en cours sur le secteur, GF8 porté par le groupe Telamon également et destiné initialement au groupe Zalando et Green’Dev, cela porte :

· La surface artificialisée à plus de 70 hectares, dont 29,5 hectares de bâtiments,

· Un trafic routier supplémentaire généré, estimé par les promoteurs eux-mêmes à 2100 poids lourds et 4410 véhicules légers.

Le projet initial GF8 pour Zalando n’a pas abouti suite à notre forte mobilisation et à notre action au tribunal administratif de Dijon, toujours en cours, mais Panhard/Télamon reste acheteur du terrain et propose depuis peu un nouveau projet avec un bâtiment de 13 hectares (seule information disponible à ce jour).

« Les raisons de notre opposition »

Notre opposition est fondée sur plusieurs aspects : environnementaux, sociaux, économiques et démocratique :
· Environnementaux : Artificialisation de terres agricoles, forte augmentation des gaz à effets de serres, des pollutions atmosphériques et sonores (trafic routier supplémentaire), fortes pertes de biodiversité, ruissellement des eaux, éclairages nocturnes intenses. En termes de patrimoine, aussi bien naturel, agricole, ou paysager, c’est une véritable bombe qui va défigurer encore un autre pan des abords de Sens.
· Sociaux : Prism’Emploi a souligné que l’impact de l’automatisation se fait déjà ressentir sur la demande de main-d’œuvre intérimaire, particulièrement pour les postes peu qualifiés. Si cette tendance se confirme, les implications pourraient être significatives, notamment pour les personnes éloignées de l’emploi qui trouvent dans la logistique un moyen d’insertion professionnelle. Les statistiques corroborent cette perception, comme par exemple l’entrepôt Renault à Savigny à Villeroy qui commence sa transformation.

À court terme, l’absence d’attractivité des emplois logistiques et la forte rotation explique l’assèchement des bassins d’emploi :
a. La manque d’attractivité des emplois logistiques induit des cas de pénuries de main-d’œuvre :
Le secteur de la logistique se heurte à une problématique de manque d’attractivité, entraînant des pénuries localisées de main-d’œuvre. Les parcs logistiques, souvent implantés en périphérie, épuisent localement le réservoir d’emploi peu qualifié et posent ainsi un défi structurel : l’accès des salariés à ces emplois est complexe. Cette situation est exacerbée par des perspectives de carrière limitées au sein des entrepôts – où il est courant pour les ouvriers de demeurer à des postes similaires pendant toute leur vie professionnelle, souvent pour des rémunérations avoisinant le SMIC. Enfin, la pénibilité des tâches dans ces emplois contribue également à leur faible attractivité. Le travail est souvent physique et répétitif, ce qui peut mener à un taux élevé de turnover et à des difficultés pour recruter et fidéliser les salariés. Cette combinaison de facteurs à un impact direct sur la disponibilité et la stabilité de la main-d’œuvre dans le secteur logistique.

b. Une rotation élevée de la main-d’œuvre induisant des assèchements des bassins d’emploi
Selon Pôle emploi, les sociétés opérant dans le secteur logistique font face à d’importants obstacles pour conserver leurs employés, souvent confrontés à des conditions de travail potentiellement rigoureuses, telles que des horaires irréguliers et des rémunérations relativement faibles, par rapport à d’autres industries. De plus, la précarité de nombreux postes dans ce domaine contribue également à cette problématique de rétention du personnel et induit une rotation élevée de la main-d’œuvre. La rotation des personnels dans le secteur de l’entreposage non frigorifique affiche un taux moyen de 22 %, influencé par divers facteurs.

Parmi ces derniers, des pratiques managériales peu adaptées, ainsi qu’un niveau de rémunération peu incitatif couplé à des perspectives d’évolution professionnelles limitées peuvent expliquer cette forte rotation en emplois. Ces éléments concourent à accentuer la tension dans les métiers de ce secteur.

De surcroît, selon les données de la CFDT, dans les emplois de manutention en CDI, 40 % des salariés ont une ancienneté inférieure à un an. Ce chiffre reflète à la fois un turnover important, particulièrement pour les niveaux de classification inférieurs.

Des salaires orientés vers le bas dans le monde des prestataires logistiques

Les auditions menées par la mission d’information ont permis de cerner des enjeux cruciaux en matière de rémunération et de conditions de travail dans les entrepôts de grande taille. L’un des constats majeurs, corroboré tant par la CFTC que par la CFDT, dans le cadre de l’audition par la mission, est que les salaires dans le secteur de l’entreposage gravitent généralement autour du SMIC et sont peu évolutifs. La stagnation relative des salaires, au sein de la filière logistique, par la réduction générale des cotisations patronales (anciennement « réduction Fillon »), qui permet à l’employeur de baisser le montant de ses cotisations patronales. Cette situation conduit à ce que l’on appelle une situation de « trappe à bas salaire », où les employés se retrouvent piégés dans des postes à faible rémunération avec peu de perspectives d’augmentation salariale

UNE FORTE PÉNIBILITÉ DU TRAVAIL, QUI EST SOUVENT MINIMISÉE OU DISSIMULÉE
Le secteur logistique, notamment dans l’entreposage, se caractérise par des métiers physiques, aux rythmes difficiles et avec une accidentologie élevée.

1. Des métiers très physiques, avec des populations très fortement masculines
Selon l’Insee, la majorité des postes dans le secteur logistique français, soit 80 %, sont occupés par des ouvriers, ce qui en fait un marché de l’emploi fortement orienté vers les emplois ouvriers.

En outre, l’Insee indique que 82 % des individus travaillant dans la logistique, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, sont des hommes. Les professions liées à l’entreposage sont reconnues pour leur exigence physique. Dans le domaine de la logistique, le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles est particulièrement élevé, se situant juste derrière le secteur du BTP.

2. Des rythmes de travail de plus en plus accélérés au fil des années

Selon les syndicats auditionnés, l’impact de l’automatisation sur la réduction de la pénibilité du travail dans le secteur de la logistique est incertain. L’organisation actuelle du travail, notamment la pression pour réduire les délais de livraison et le principe du « juste à temps » (just-in-time), suggère que la robotisation est principalement déployée pour accélérer les opérations et maximiser la rentabilité, plutôt que pour améliorer les conditions de travail.

De plus, l’automatisation peut générer de nouvelles formes de pénibilité, comme la réalisation de tâches répétitives à un rythme élevé sous surveillance constante. L’omniprésence et la constance des risques liés à l’emploi, notamment l’usage de commandes vocales via des oreillettes, peuvent entraîner des dangers significatifs tant pour la santé mentale que physique des travailleurs.

D’après les mêmes sources, divers risques associés à l’environnement de travail en entrepôts peuvent entraîner des troubles musculo-squelettiques qui affectent les muscles, les tendons, les nerfs ou les articulations. Ceux-ci incluent la manutention de charges lourdes, les postures contraignantes, le travail répétitif, et l’exposition aux vibrations (notamment pour les conducteurs de chariots et de transpalettes).

Ces troubles musculo-squelettiques touchent principalement les préparateurs de commandes, les caristes et les manutentionnaires.

Extrait du rapport d’information parlementaire de décembre 2023 par LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES sur les incidences du déploiement des grands entrepôts logistiques

En termes d’emploi, les promesses ne sont jamais tenues.

Rappelons également qu’un emploi créé dans l’e-commerce, ce sont 2,5 emplois détruits dans le commerce de proximité.

· Économiques : En termes d’attractivité, ces activités de logistiques sont un contresens, elles dégradent plus notre territoire qu’elles ne l’enrichissent. Elles sont un symptôme d’une économie mondialisée basée sur la production de biens le plus souvent non essentiels à bas coûts à l’autre bout du monde et au prix d’un dumping social et fiscal néfaste pour les travailleurs.

Alors qu’il faudrait promouvoir et développer de véritables activités industrielles de production de biens essentiels (santé, construction, alimentation, textile) en privilégiant les secteurs d’avenir, rémunérateurs et notamment ceux qui concourent à notre nécessaire bifurcation écologique, et pas ceux qui vont à l’exact opposé.

En termes de prospective, là aussi c’est un contresens et une faute grave vis à vis de habitants d’aujourd’hui et de demain, par pur opportunisme, en acceptant ces projets spéculatifs proposés « clé en main » par les promoteurs, nos élus bradent des terrains et des investissements dont nous avons et aurons besoin pour développer réellement le Sénonais, améliorer sa résilience, son indépendance alimentaire, son développement dans des activités productrices de biens essentiels, innovantes, et répondant aux grands enjeux de notre temps.

· Démocratique : Nous voulons souligner un réel déni de démocratie : les habitants ne sont pas au courant de ce qui se trame et même les élus opposés et associations ont le plus grand mal à comprendre ce qui se profile, avec un grand flou entretenu autour des projets ne serait-ce par leur étrange dénomination et de leur avancement, et des clauses de confidentialité qui nous paraissent tout simplement scandaleuses et anti-démocratique.

Les élus qui portent aujourd’hui ce type de développement économique n’ont aucun mandat de leurs électeurs pour le faire.

« Les actions possibles »

Si tous ces arguments vous semblent pertinents, vous pouvez agir pour empêcher la mise en œuvre de ces projets catastrophiques à tout point de vue, sauf peut-être de l’enrichissement des actionnaires des promoteurs :

· Participez à l’enquête publique en cours jusqu’au 29 mars 2024 sur le projet VG4 :
Soit à la mairie de Sens, soit en ligne sur internet à l’adresse suivante :
https://www.registre-dematerialise.fr/5105/

· Faites savoir à vos élus municipaux et à l’agglomération que vous êtes opposé.e.s à ces projets. Envoyez vos mails et courriers à vos maires, et n’hésitez pas à venir vous manifester lors des conseils municipaux et d’agglomération.

· Suivez l’actualité du collectif, elle est notamment relayée sur le site :
https://www.sens-ecologie-solidarite.fr/

· N’hésitez pas à nous communiquer vos idées d’actions et d’initiatives par mail à : sensecologiesolidarite gmail.com

Le Collectif étudie la possibilité d’organiser une nouvelle manifestation de protestation sur le site prévu, comme nous l’avions fait en 2021 contre le projet Panhard Zalando ou en amont d’un conseil communautaire afin d’exiger un véritable débat citoyen

Ainsi que l’opportunité d’introduire un nouveau recours au tribunal administratif. Ces démarches juridiques ont un coût, nous vous invitons donc à soutenir financièrement les associations qui les portent en fléchant votre don sur :
https://www.facebook.com/people/ADENY/100076693817918/ et
https://sites.google.com/site/yonnatenv/

Nous remercions à nouveau tous les participants et ne manquerons pas de faire tout notre possible pour informer la population tenue dans la méconnaissance et empêcher par tous les moyens ce massacre programmé de nos villes et campagnes. C’est la raison pour laquelle les associations de défense de la nature et de l’environnement qui soutiennent notre lutte demandent ce jour aux commissaires-enquêteurs et au Bureau de l’Environnement de la Préfecture d’organiser une réunion publique en présence du porteur de projet.
Le collectif Stop Panhard / Telamon
Sens Écologie et Solidarité

Par Rédaction Yonne Lautre

Le dimanche 24 mars 2024

Mis à jour le 24 mars 2024