Avec 4 069 256 bulletins blancs et nuls, le second tour du scrutin présidentiel enregistre un étonnant record. Jamais autant de voix n’auront été écartées, lors de ce type d’élection, du total des voix attribuées. Un chiffre de 8,46 % des inscrits qui, en s’ajoutant à une abstention particulièrement élevée (25,44 %), aboutit à un constat sans appel : plus d’un électeur inscrit sur trois n’a voulu ou tout simplement su, le 7 mai, transformer sa voix en « suffrage exprimé ».
Ne pas choisir l’un des deux candidats en lice aurait été, pour les partisans du « ni-ni », une façon de contester l’affiche de ce second tour. Une tactique que beaucoup ont dénoncée comme un refus pur et simple de faire barrage au Front national. Allergie au « vote utile » ou comportement menaçant la Ve République ? Ce sont, en fait, deux conceptions de l’acte de vote qui s’affrontent. La première tient pour acquis que voter, c’est décider et déjà en désignant qui gouverne. L’autre ne jure que par un impératif : celui de représenter une sensibilité politique.
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