Il existe deux principales types de cultures OGM, soit plus de 80% des cultures transgéniques : les résistantes aux herbicides totaux (type glyphosate ou Round-up) et celles qui produisent un insecticide à partir d’une molécule issue de la bactérie Bacillus Thurigiensis dite BT, ces deux techniques sont associées dans certains cas sur une même plante.
Les OGM à vocations médicales sont marginaux (2 essais sur les 14 nouveaux autorisés en 2003) et pourront être considérés comme des niches de production réservées au voisinage des laboratoires pharmaceutiques.
On peut néanmoins se poser la même question que le biologiste Jacques Testart dans le journal Libération ’’Imagine-t’on des armoires à pharmacie ouvertes sur la nature ?’’ . L’on peut toutefois encourager à copier la production d’insuline de synthèse (pour les diabétiques) qui se fait en milieu fermé (cuves), en utilisant des bactéries modifiées pour cela.
Les OGM, les herbicides totaux et les autres cultures
Il existe 4 gênes de résistance à des herbicides totaux différents.
Ces gênes appartiennent à 4 firmes de recherche, dont Monsanto.
Leur utilisation successive va contaminer le milieu, engendrant ainsi l’acquisition de ces 4 gênes par des plantes de la même famille que la culture traitée. Il en résultera une résistance aux 4 herbicides totaux proposés, résistance déjà observées aux Etats-Unis entre autres.
Il faut souligner que l’utilisation de ces herbicides est dangereuse, le glyphosate n’étant pas une molécule disparaissant, par enchantement, après utilisation comme l’on nous l’a trop souvent laisser croire. Pourquoi ? Parce qu’il est retenu par le complexe argilo-humique et peut gêner la germination des plantes lors de sa libération par le complexe.
C’est ainsi qu’on le retrouve dans l’air, dans les eaux superficielles et dans les eaux souterraines, mais aussi dans les plantes. Son temps de dégradation n’est pas anodin, puisque sa demi-vie* est de 2 à 5 mois (cf. tableau communiqué lors d’une formation dispensée par la Chambre d’Agriculture de l’Yonne) : il faut 7 demi-vies pour que moins de 1% de ce qui a été utilisé soit encore présent dans le milieu. Notons au passage que le Danemark envisage d’en interdire l’utilisation.
Outre la résistance que l’utilisation régulière et massive pourra causer, simplement par sélection naturelle et donc sans acquisition de gênes, le recours à cette technique a, d’ores et déjà, un avenir incertain.
Il est d’ailleurs conseillé aux agriculteurs américains de ne pas semer l’ensemble de leur sole en OGM, la réussite du désherbage n’étant pas forcément assurée : certains d’entre eux ont ainsi eu recours à l’atrazine (encore utilisée ?). Un des arguments repris pour convaincre de leur intérêt est qu’ils vont permettre une diminution de l’utilisation des pesticides.
On vient de voir que cela était faux, et les constats faits par les utilisateurs et les expérimentateurs le démontrent. Ceci d’ailleurs va à l’encontre de la volonté européenne de voir diminuer la consommation européenne des pesticides, donc une remise en cause des critères d’écoconditionnalité de la réforme de la politique agricole commune.
Une autre récente étude britannique en plein champ a démontré que l’équilibre écologique avait été bouleversé, du moins pour le colza et la betterave OGM. La flore habituelle est remplacée par une autre qui ne permet pas aux insectes de trouver un milieu favorable à leurs survies. Les abeilles et de nombreuses espèces de papillons désertent, eux aussi, ces cultures.
Pour illustrer le problème de pollution que pose les OGM, prenons le cas du colza. Sachant qu’une abeille transporte le pollen sur plus de quatre kilomètres, l’agriculteur conventionnel est très plausiblement susceptible de retrouver des OGM dans sa production, même si le champ OGM de son voisin respecte les 400 mètres de « périmètre de sécurité » !
Cela signifie qu’en cas d’analyse positive, il devra s’acquitter des droits d’utilisation des molécules OGM (brevet du vivant). Pour convaincre les plus incrédules, il suffit de lire le contrat-type de Monsanto et se reporter au procès perdu de Percey Schmeiser, agriculteur canadien n’utilisant pas de round-up mais assigné à régler des royalties à Monsanto qui a retrouvé des OGM round-up ready lors de contrôles non autorisés....
Les OGM Bt : Bêtes et Têtus
Il s’agit de faire produire à une plante (maïs et coton principalement) un insecticide lui permettant de se défendre contre les insectes (pyrale notamment). Cette technologie entraînerait l’économie (financière) d’insecticides sur 44 millions d’hectares de maïs et de coton : formidable !
Mais rappelons que l’insecticide sera produit par la plante, de la germination du grain semé jusqu’à la récolte et que l’enfouissement des résidus de végétation rendra au sol l’insecticide produit : nettement moins formidable !
La molécule produite se retrouvera ainsi dans les grains, les feuilles, la tige, les racines et le sol en quantité démesurément supérieure ( 10 000 à 100 000 fois) à ce que le paysan aurait épandu pour lutter contre la pyrale, par exemple.
Les rendements ne sont pas non plus au rendez-vous. La plante mobilise d’importantes ressources vitales, au détriment de sa croissance et donc de la production finale. Le temps nécessaire à la création d’un nouvel élément est 5 à 10 ans, il est plus long que la recherche traditionnelle, la souche mère de l’OGM n’est donc plus compétitive lorsqu’elle arrive à sa phase de possible production.
Pour finir, il apparaît que l’ensilage de maïs Bt ne plaît pas aux bovins : à eux, on ne leur fait pas manger n’importe quoi...Margot Wallström, commissaire européenne à l’environnement, ironisait récemment en déclarant : ’’Sous prétexte de nourrir la planête, elles cherchent surtout à nourrir leurs actionnaires’’....
En 1998, aucun test de trois mois sur des rats n’étaient faits, car le coût,de 200 à 250 millions d’euros, était estimé non-rentable (position Novartis), les semences OGM étant trop vite périmées.
La chance de l’Europe est d’être encore à ce jour quasi-indemne d’OGM. Les consommateurs sont en majorité réfractaires à cette technologie, ce marché est à portée de main des paysans européens, on peut encore le saisir.
*temps nécessaire à une molécule pour se dégrader de moitié dans le milieu.
Diverses informations sur la toxicité
Définition de la CL50 : Toxicité des herbicides dans l’eau exprimée en fonction d’un animal donné. Concentration du produit qui tue la moitié de la population du dit animal en un temps donné.
CL50 du glyphosate pour la daphnie : 78 000 mg/litre en 48 heures
CL50 du glyphosate pour la truite arc-en-ciel : 98 000 mg/litre en 21 jours
Le principal métabolite du glyphosate est l’AMPA, qui présente une toxicité aiguë plus faible. Sa DL50 est de 8300 mg/kg contre 4900mg/kg pour le glyphosate. Mail il persiste plus longtemps dans le sol d’après une étude canadienne.
La DL50 pour le rat est de 2000 mg/kg en ingestion.
De nombreux cas d’empoisonnements volontaires ont été recensés. Ils se traduisent par des vomissements, des problèmes cardiaques plus ou moins graves, des maladies de peau, des diminutions du nombre de globules rouges.
Le glyphosate provoque une diminution de la concentration en sperme chez le rat et le lapin.
L’association paraquat + manébe provoque chez la souris les symptômes typiques de la maladie de Parkinson. Séparément, ces produits ne provoquent pas ces effets.
La paraquat a provoqué en France entre 1979 et 1981 277 intoxications aiguës dont 57 ont entraîné la mort.
1 cuillère à café (5 ml) de la solution vendue dans le commerce peut tuer un enfant.
1 cuillère à soupe (15 ml) de la solution vendue dans le commerce peut tuer un adulte.
Il n’y a à ce jour aucune thérapie pour sauver ces personnes ayant absorbé ces doses mortelles.
F.Houchot, Agriculteur, Laduz